L'Algérien est le premier consommateur de pain dans le bassin méditerranéen. La ration quotidienne par habitant est d'environ 900 grammes. Les minoteries font face depuis plusieurs années à des problèmes d'ordre organisationnel et réglementaire. Selon un des propriétaires de Moulins de Mostaganem qui a animé une conférence hier au siège de l'union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), il n'existe aucune loi qui régit cette activité. Les statistiques, qui pourraient aider les opérateurs à investir ce créneau, font toujours défaut. Personne n'est à ce jour, capable de s'avancer sur le nombre de minoteries recensées en Algérie. Le chiffre de 320 moulins indiqué jusque-là par les responsables concernés, a été démenti par les professionnels eux-mêmes. La désorganisation qui caractérise l'activité se voit à travers les prix pratiqués et le cumul d'activités. En termes plus clairs, certains opérateurs n'exercent pas ce métier par amour, mais ils ne font, relève le meunier, que du business. Outre les minoteries, ils activent aussi par exemple, dans les matériaux de construction, deux domaines complètement différents. Si certaines meuneries, avoue-t-il, écrasent plus de 1 000 tonnes de blé/jour, d'autres en revanche n'ont qu'une capacité de 30 tonnes de blé/jour. Les minotiers souffrent encore de la qualité du blé que les fournisseurs leurs proposent. L'office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) achète le blé à 165 dollars US la tonne (importations de 2005). Il la vend moins cher aux minotiers soit à 1 285 DA le quintal. La hausse des prix du blé durant l'année dernière a dissuadé les importateurs privés. Ce qui a permis à l'OAIC de couvrir 80% du marché national. Ce qui a fait dire à ces conférenciers que l'Algérie demeure le premier importateur de blé au monde. Le rendement à l'hectare est, selon le responsable des Moulins de Mostaganem, évalué à plus de 85 quintaux à l'étranger alors qu'il ne se situe qu'entre 15 et 20 quintaux/hectare en Algérie. Ces minoteries transforment le blé en farine qui sera vendue à un prix administré de 2 000 DA aux boulangeries. À ces problèmes, il faut ajouter la contrebande de la farine qui sévit aux frontières algéro-marocaines. “Nous avons trouvé notre propre farine à Fès au Maroc affichée à un prix qui équivaut à la somme de 3 000 DA le quintal”, constatera l'intervenant. Ces irrégularités, estiment les invités de la conférence, influent d'une manière directe sur la qualité du pain mis sur le marché. La qualité du pain reste médiocre à cause de la farine utilisée. Ainsi, le boulanger, le professionnel est obligé d'apporter les correctifs nécessaires à même d'obtenir un pain “mangeable”. Il s'attarde de ce fait sur la fermentation et les levures. Les 22 000 tonnes de levure importées chaque année par l'Algérie fait d'elle, affirmera un autre professionnel, le premier pays importateur au monde. Le marché national est détenu à 70% par le français Lessafre, car notre pays ne fabrique pas encore ce produit. Les pays producteurs de blé, de levure et autres ingrédients indispensables pour la panification s'intéressent au marché algérien d'autant plus que la consommation algérienne de pain est estimée à environ 900 grammes/habitant/jour. Ce qui lui confère le titre de premier consommateur de pain dans le bassin méditerranéen. Par ailleurs, le ministère de la formation et de l'enseignement professionnels s'attelle à élever le niveau des boulangers en leur assurant des formations de qualité pour peu que la demande soit exprimée. Badreddine K.