Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, Somoud estime que “traiter les proches et les descendants des éléments des groupes armés islamistes en dehors du cadre de la solidarité nationale pourra glorifier les actes criminels de leurs parents”. L'association somoud, des familles des victimes enlevées par les groupes armés islamistes, n'a pas mis beaucoup de temps pour réagir aux textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale qui a fait l'objet d'un référendum le 29 septembre dernier. Si l'organisation présidée par Ali Merabet considère que “guider le peuple à prendre conscience que la condamnation du crime est individuelle et que de ce fait, les proches et les descendants des éléments des groupes armés islamistes ne peuvent être responsables des crimes commis par ces derniers”, elle pense, cependant, que “traiter cette catégorie de citoyens en dehors du contexte de la solidarité nationale pourra glorifier les actes criminels de leurs parents”. Ce n'est pas l'unique grief que retient Somoud à l'encontre des textes qu'a eu à traiter avant-hier le conseil de gouvernement. Les dispositions portant sur l'extinction des poursuites judiciaires dont bénéficieront les éléments des groupes armés ont été passées au crible par l'organisation de Ali Merabet. “Est-ce que le terroriste qui a enlevé, probablement torturé et assassiné un citoyen ou deux citoyens civils algériens, ne sera pas poursuivi, ni condamné, ni sanctionné pour les crimes qu'il a commis puisque la charte exige, pour poursuivre un terroriste, qu'il soit auteur d'un massacre collectif”, s'interroge-t-elle avant d'ajouter que “si on fait la sélection de la sorte, personne ne sera identifié coupable des trois catégories des crimes cités dans la charte, à savoir les massacres collectifs, le viol et l'usage d'explosifs dans les lieux publics”. “Si on avait compté les crimes commis individuellement par un terroriste depuis le début, on aurait trouvé que chacun aurait à son actif l'équivalent d'un massacre collectif”, souligne encore Somoud qui s'interroge, en effet : “à qui profite donc l'extinction des poursuites judiciaires?” L'association qui reconnaît, cependant, que le fait d'accorder une indemnisation à la famille du disparu est “une reconnaissance de la responsabilité de l'état face à ce drame et à l'obligation de sa prise en charge”, se plaint toutefois que la catégorie des disparus enlevés par les groupes armés islamistes ne soit même pas citée dans les textes d'application de la charte approuvés par le conseil de gouvernement. Pour Somoud, “la volonté délibérée de la mettre dans le même panier risque de camoufler le feu au lieu de l'éteindre, comme elle risque aussi d'élargir le fossé au lieu de renforcer la cohésion sociale tel qu'il l'est indiqué dans la charte”. “Les textes d'application de cette dernière, indique par ailleurs la même association, ne citent, à aucun passage, le devoir de vérité et le droit à la justice, deux conditions nécessaires et obligatoires, selon elle, à toute tentative de réconciliation”. Toutes les expériences vécues dans le monde depuis tous les temps ont démontré que “la véritable réconciliation ne se réalise en aucun cas par des textes, mais par un processus inscrit dans le temps basé sur deux piliers qui sont la vérité et la justice”, déclare Somoud qui estime que “la véritable réconciliation horizontale n'aura pas besoin d'une interdiction de discrimination à l'encontre des familles dont un membre serait impliqué dans un crime, mais au contraire les obstacles et les fossés disparaîtront automatiquement”. L'organisation de Ali Merabet considère, en effet, que “si l'impunité prend le dessus sur la justice et le respect des droits fondamentaux de la personne humaine, aucune garantie ne pourra être avancée pour épargner nos futures générations des conséquences de nos problèmes d'aujourd'hui”. Karim Daoudi