Après Constantine, le quartet américain JazzSabroson s'est produit mardi soir à Alger où il a animé un concert de jazz afro-caribéen. Un jazz résolument métissé aux couleurs du sable doré et des rythmes endiablés des percussions. Le groupe JazzSabroson est l'illustration vivante du melting-pot, d'abord racial et culturel qui fait la richesse du pays de l'oncle Sam. La New-Yorkaise Miriam S. Sullivan est afro-américaine, Tony De Vivo et Jainardo Batista sont, respectivement, d'origine vénézuélienne et cubaine. Des musiciens venus de divers horizons pour vivre le rêve américain, portant aux talons de leurs souliers des bribes de souvenirs et une altérité culturelle qui va leur permettre de s'intégrer et même de réussir. Et c'est peut-être cette spécificité dans leur façon de faire du jazz, du jazz caribéen, qui a permis aux éléments de JazzSabroson d'être sélectionnés par le département d'Etat américain pour représenter cette musique à travers le continent africain. Même s'ils ne sont pas les seuls à jouer du jazz latino. Car Miriam Sullivan est une musicienne accomplie, elle joue de la contrebasse dans tous les styles : jazz, latino et funk, soul, hip-hop… Elle s'est déjà produite dans plusieurs pays et a joué avec de grands jazzmen, dont Lionel Hampton et Wynton Marsalis. Tony De Vivo pour sa part, un self-made-man, joue aux tombas et est membre du Café con Pan, un groupe folklorique vénézuélien. Il a travaillé au Venezuela avec Bielle de Costa et Gonzalo Mico. Jainardo Batista joue de la conga et prête sa voix aux groupes de tomba cubains Son de Madre et Pan con Timba et il y a enfin Steve Bloom le guitariste et qu'on retrouve également au Tres (guitare à trois cordes doublées). Pour l'escale algéroise, le band proposera un programme riche et varié. Des compositions du groupe mais aussi beaucoup de standards. D'emblée, le groupe rendra hommage au continent noir, à travers Sudor Melao un morceau puisé dans la tradition africaine, plus précisément du Mozambique Sudor Melao. De très belles percussions et une Miriam Sullivan virtuose à la contrebasse. Le tout agrémenté par la voix de De Vivo pour un petit refrain. Le voyage se poursuit avec des standards, Summertime de George Gershwin et I Need Romance d'auteur inconnu. La soirée tropicale à la belle étoile commence au parc Romerito, un petit retour au jazz country, un invité de marque rejoint le groupe. Le numéro deux de l'ambassade. On a déjà vu Son Excellence l'ambassadeur au piano, pourquoi pas son premier conseiller à l'harmonica ? AlgerCaracas, classe musique est une belle fusion de rythmes latinos et de berouali. Le chaâbi est aussi une forme de jazz. Accompagnées d'un musicien algérien à la derbouka puis aux karkabou, les percussions enflamment le public ; des youyous stridents emplissent le théâtre. “Votre continent est riche par sa culture, vous devez en être fiers”, lance Miriam Sullivan. Guantanaméra, Changui et on clôture sur un morceau de John Coltrane. Les acclamations fusent de partout pour rappeler le groupe qui gratifiera le public par d'autres morceaux dont une délicieuse Sister avec une voix divine de Miriam également à la contrebasse. Belle performance. W. L.