Rabah Abdellah affirme qu'un rapport détaillé sera envoyé à la Commission européenne à Bruxelles. Le secrétaire général du Syndicat national des journalistes a tout déballé sur le programme Meda II d'aide à la presse lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, à la Maison de la presse Tahar-Djaout. Rabah Abdellah, qui a relaté les difficultés et les entraves qu'a rencontrées le SNJ pour concrétiser l'aide européenne aux médias algériens, a affirmé que les accords, qui ont été signés en septembre 2001 par le Chef du gouvernement, Ali Benflis, le président de la Commission de l'UE, Romano Prodi, et le coordonnateur national, “n'ont pas été respectés”. Une unité de gestion de programmes (UGP) a été installée, par la suite, et c'est le Dr Brahim Brahimi qui a été désigné à sa tête avec l'accord du Syndicat national des journalistes. Mais les pressions ont été telles que ce dernier a été poussé à remettre les clés. Dans un rapport, dont une copie a été remise au SNJ, il fait état déjà de certaines irrégularités dans la gestion de cette structure censée s'occuper uniquement des aspects techniques, une sorte d'entrepreneur travaillant pour le compte de l'organisation syndicale. Le président de l'UGP a évoqué, dans son document, surtout le nom de Ahmed Kies, un membre de la délégation européenne. Celui-ci a tenté, d'abord, d'imposer à l'unité de gestion les locaux de la FIJ à Alger. Mais les agissements de ce responsable ne s'arrêtent pas là. Il a même exercé des pressions sur STG, un consortium européen, pour recruter, entre autres, une secrétaire, un comptable et a aussi proposé un chauffeur pour l'ensemble du personnel de l'UGP. Brahim Brahimi écrit qu'il s'était opposé à ces recrutements, notamment celui de la secrétaire, non seulement parce qu'elle n'était pas titulaire du baccalauréat, mais surtout parce qu'il avait appris qu'elle avait accompagné Fabrizio Spada, directeur financier de STG, dans un quartier très dangereux d'Alger, place Port-Saïd, connue pour être la banque du marché parallèle. Cette femme, ajoute-t-il, était recommandée par le collaborateur direct de l'ambassadeur de la Communauté européenne à Alger, M. Lucio Gerrato. Les problèmes du SNJ ont commencé également avec la nomination au poste qu'occupait Brahim Brahimi d'un directeur de journal. Mais le nouveau président de l'UGP n'a pas tardé à partir précisément parce qu'il est directeur d'organe. Il a été remplacé alors par Fodhil Hassam, lui aussi responsable d'une revue spécialisée, dira Rabah Abdellah lors de la conférence de presse. Seulement, malgré les réserves formulées par le SNJ, quant à sa désignation, les représentants de la Commission européenne le maintiennent. Pis, “lui, dont les prérogatives sont limitées aux aspects techniques du programme d'aide à la presse, empiète”, affirme le conférencier, sur le rôle du Syndicat qui en est le seul bénéficiaire. Les différentes correspondances adressées par le SNJ à l'ambassadeur de la Communauté européenne n'ont rien apporté. Mieux, M. Gerrato indique à Rabah Abdellah : “Nous sommes de mauvais clients.” “Effectivement, nous n'accepterons pas n'importe quelle marchandise”, dira le SG du Syndicat national des journalistes. Qui veut torpiller le syndicat ? Le conférencier évoque des convoitises sur les 5 millions d'euros. Ceux qui tentent de mettre à l'écart le SNJ, alors que c'est lui qui a signé la convention, ont “des intérêts autres que ceux d'aider la presse algérienne”. Fodhil Hassam ainsi que d'autres personnes travaillent contre le programme, affirmera Rabah Abdellah qui indique par ailleurs que la seule motivation de ceux qui convoitent l'aide aux médias est l'argent. Il se demande d'ailleurs pourquoi Mme Spada, directrice de Services techniques globaux (STG), lui a réclamé une délégation de signature ? “Il n'en est pas question”, déclarera le secrétaire général du SNJ pour qui “la responsabilité du syndicat, signataire de la convention, demeure engagée, quitte à ce que cette dernière soit annulée”. Rabah Abdellah a indiqué, enfin, qu'un rapport détaillé sera adressé à la Commission européenne à Bruxelles qui doit trancher ce conflit. S. R.