«Si les autorités de ce pays sont dans l'incapacité de réagir, les éditeurs de journaux prendront leur responsabilité.» Une mission d'experts européens en médias est arrivée aujourd'hui à Alger, pour mettre en oeuvre le programme Meda II. Il s'agit de cerner l'ensemble des éléments s'intégrant dans l'élaboration des programmes figurant dans la convention du financement spécifique, signée le 13 janvier 2001 entre le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Commission européenne. Ce programme, d'un montant de 5 millions d'euros (333,5 millions de dinars ) et qui s'étale sur quatre ans, est destiné à renforcer le rôle de la presse privée indépendante dans la dynamique de la démocratisation de la société algérienne. Il sera mené en partenariat avec le SNJ, mais s'adresse à l'ensemble des journalistes avec une attention particulière à ceux des organes de la presse locale et régionale. Un ensemble d'actions a été retenu. Il s'agit, entre autres, du renforcement du cadre socioprofessionnel par la mise en place d'un statut, d'une convention collective, d'une charte d'éthique et de déontologie, de cycles de perfectionnement, de stages de langues étrangères et de l'octroi de bourses de formation à l'étranger...Cependant, un retard et des lenteurs ont été constatés dans la mise en oeuvre de ce programme. S'exprimant à se sujet, le directeur de L'Expression, Ahmed Fattani, a déclaré qu'«il est inadmissible que les autorités chargées de ce dossier aient mis autant de temps pour gérer une subvention destinée à la presse. Je considère scandaleux que la presse algérienne ne bénéficie pas de subventions à l'instar des autres démocraties dans le monde». Interpellant la ministre de la Culture et de la Communication à réagir pour «trouver une solution urgente à ces blocages», Ahmed Fattani a attiré l'attention que «si les autorités de ce pays sont dans l'incapacité de réagir dans les jours qui viennent, les éditeurs de journaux prendront leur entière responsabilité». Le directeur du Quotidien d'Oran, Abdou Benabou, a regretté que les directeurs de journaux et les autres acteurs du secteur ne soient pas associés au même titre que le SNJ, pour une action plus large et positive. Cependant, Benabou a affirmé que «l'initiative en elle-même est louable surtout qu'elle prend en charge le volet de la formation qui constitue le parent pauvre de la corporation». Plus réticent et plaçant le programme Meda dans un contexte politique, le directeur du quotidien arabophone, Echourouq Elyaoumi, a estimé que l'aide de l'UE est loin d'être un cadeau pour la promotion de la presse nationale. «La somme accordée va fondre comme neige au soleil dans les études et les contre-études pour se déverser finalement dans les poches des experts européens et de ceux que certains appellent les experts de l'information en Algérie.» De son côté, Rabah Abdellah, président du SNJ, a expliqué que le retard constaté dans l'application du programme Meda II est accessoirement lié aux procédures d'usage, à un certain nombre de remarques formulées par son syndicat quand il a fallu élaborer les plans opérationnels. «Il a fallu plusieurs réunions avec le consortium à charge d'exécuter le programme et la délégation de l'UE à Alger. Il était de notre devoir, puisque responsables du programme, d'être vigilants pour qu'il ne soit pas dévoyé.» Par ailleurs, Rabah Abdellah, a signalé que les pouvoirs publics, le ministère de la Communication en l'occurrence, n'ont pas déployé d'efforts allant dans le sens de la réussite du programme. «Nous disons cela, car l'Etat algérien s'est engagé lors de la signature de la convention, à contribuer, en ce qui le concerne, pour appuyer le programme», a-t-il insisté.