Dimanche, lors de son concert à Alger, Guem, le percussionniste, a été à l'image de l'intitulé de ses albums. S'il a été tantôt caméléon, tantôt serpent, le musicien a surtout montré sa maîtrise de ses instruments à peau. Jusqu'à faire de la derbouka un objet ludique. Un tambourin qui sait également faire rire, il fallait toute la carrière d'un Guem pour parvenir à lui donner un rôle inattendu. C'est, d'ailleurs, en martelant des notes sur sa derbouka qu'il a fait un tour d'horizon, reprenant les mélodies typiques des différentes régions du pays, de l'Est et de l'Ouest et, bien entendu, du Sud de ses origines. Caméléon parce qu'il s'est mis dans la peau, au premier degré, des quatre musiciens qui l'accompagnaient, et serpent car sa gestuelle, tout en ayant le punch de l'athlète qu'il fut, a su garder intact ce côté furtif des reptiles. En enchaînant une dizaine de morceaux de sa composition, Guem a encore montré qu'une percussion peut aussi être mélodieuse. Il joue avec son corps comme il tape sur ses percussions. Le corps “mon premier instrument” ne saurait aller sans les rythmes, doux ou effrénés. De leur côté, ses compagnons Rachid Metager, Issa Sow, Julien André et Gilles Bricon ont su suivre les métamorphoses du caméléon et les circonvolutions du serpent. En jouant de la conga, du jambé, du bengos, à la batterie ou bien du doum, ils ont été fidèles au jeu du maître. Cela devant un public conquis par l'atmosphère qu'ils ont créée dans la salle Ibn Zeydoun, archicomble à cette occasion. Succédant tour à tour, musiques d'ambiance et rythmes infernaux, ils sont parvenus à maîtriser l'art de la mesure. Une débauche d'énergie, une sacrée dose d'humour et une timidité ont fini par donner à ce concert une touche bien particulière. Il paraît qu'il est “le seul percussionniste à maîtriser une gamme de rythmes aussi large”. Après le concert de dimanche, on ne saurait prétendre le contraire. SAMIR BENMALEK