La diva de la chanson arabo-andalouse, Zakia Kara Turki, chante les différents styles de ce genre, le gharnati par excellence. Liberté : En tant que Tlemcénienne, vous devriez logiquement interpréter le gharnati ; or, notre répertoire est plutôt à dominante sanaâ ? Zakia Kara Turki : Je n'ai jamais abandonné le gharnati que j'interprète à chacun de mes concerts. Ayant été formée dans les deux écoles, je suis très à l'aise dans chacune d'elles. Votre parcours artistique en quelques étapes ? Je suis issue d'une famille de musiciens ; mon père Abdeljalil Hassaine était luthier et mon oncle Hamid, musicien au sein de l'association El Gharnatia de Tlemcen. Dès l'âge de six ans, je fredonnais déjà des istikhbarate. Plus tard, élève au lycée Benzerdjeb, mon oncle Abdou Bouabdallah a constitué un groupe musical au sein du lycée dans lequel mon frère y jouait du r'bab et ma sœur et moi, de la mandoline. Le chef d'orchestre était El Hadj Benkalafate ; à l'époque déjà, nous avions participé à des tournées à l'étranger. En 1978, je rejoins Alger à la suite de mon mariage et intègre l'association El Djazaïria El Mossilia, puis en 1981, El Fakhardjia et en 1988 Essandoussia. Aujourd'hui, vous dirigez votre carrière en free lance ? La fille de Zakia, qui semble manager les activités de la mère (joli minois tlemcénien), renchérit fièrement : “Depuis onze ans” ! Quelles sont vos réalisations à ce jour ? 4 CD : le 1er haouzi, le second nouba Rasd, le 3e ghrib et le 4e raml. Vos tournées à l'étranger ? La Syrie, la Libye, la Tunisie, la Turquie, l'Espagne, la Russie, la France et les USA. Impressionnant ! Quel est le pays ou le public qui vous a marquée ? Incontestablement New York ; j'ai été invitée personnellement par le Mediterranean World, qui est un festival accueillant un chanteur par pays (en 2002), un public cosmopolite venant des quatre coins de la planète et des journalistes venus du monde entier. Chaque interprète avait droit à quarante minutes de prestation et à la demande des organisateurs du festival, je suis restée trois heures sur scène ! Le Times et le Figaro ont rapporté l'évènement ; j'étais fière d'avoir si brillamment représenté l'Algérie. Qui ont été vos enseignants ? Mon cheikh fut El Hadj Hamidou Djaïdir, Allah yarhamou. Il fut mon maître et mon guide et je lui dois beaucoup. Où en est votre agenda actuellement ? Un CD qui sortira en avril-mai. Pour les concerts, je serai le 30 mars à Miliana, le 5 avril à l'auditorium de la Radio nationale et le 30 avril à Oran, avec les Espagnols. Entretien réalisé par N. S.