Le dossier de l'instruction menée depuis près de trois ans au niveau du tribunal de Chéraga près la cour de Blida, devrait être transféré à la Chambre d'accusation près la cour de Blida d'ici le mois d'avril prochain. L'affaire El Khalifa Bank avec toutes ses ramifications devrait opérer dans les prochaines semaines un important tournant au niveau judiciaire. Les magistrats du tribunal de Chéraga en charge de l'instruction du dossier ont quasiment achevé leur travail, avons-nous appris de sources judiciaires. “Le dossier ne va pas tarder à atterrir à Blida. Les magistrats ont quasiment ficelé le dossier”, précisent nos sources. Cette information a également été confirmée par le collectif des clients d'El Khalifa Bank, qui s'est constitué partie civile. “Il va y avoir du nouveau dans cette affaire vers les deux premières semaines d'avril”, a indiqué Omar Abed, président du collectif. Une fois le dossier transmis à la Chambre d'accusation près la cour de Blida, les premiers procès, tant attendus de l'affaire, devraient être inscrits au rôle des prochaines sessions criminelles. Cette affaire focalise l'attention des plus hautes autorités de l'Etat. Sur ordre du président de la République, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, a instruit, ces derniers jours, le procureur général près la cour de Blida pour que l'instruction du dossier soit achevée et transmise à la Chambre d'accusation. Le décès du directeur général de la banque, Mohamed Al-Azhar Allioui, survenu il y a quelques jours au niveau de la prison de Serkadji, a également “bousculé” l'ordre établi. Les procès avaient été maintes fois annoncés, notamment pour la session criminelle de mars 2005. Du côté judiciaire, on avance la “complexité” du dossier pour expliquer une instruction aussi importante et longue. Il aura fallu près de trois ans d'un travail “acharné et minutieux” aux magistrats instructeurs, uniquement chargés de ce dossier, pour remonter le fil de l'imbroglio économique et financier du groupe et de son épine dorsale, la banque, appartenant à Abdelmoumène-Rafik Khalifa. Les juges instructeurs ont avancé “progressivement” sur l'un des dossiers les plus sensibles qu'a eu à traiter l'appareil judiciaire. Depuis le mois de novembre 2002, et le début de l'affaire El Khalifa Bank, déclenchée par le dépôt de la première plainte concernant la banque, et à laquelle se sont greffées près d'une douzaine d'affaires du groupe, les juges instructeurs et le parquet n'ont certes pas chômé. “Un travail de titan a été effectué. Les magistrats sont en train de reconstituer le puzzle petit à petit, mais à un rythme soutenu”, relèvent nos sources. Outre la complexité du dossier, l'absence des principaux accusés — cinq hauts responsables du groupe, dont Abdelmoumène Khalifa, sont recherchés et font l'objet de mandats d'arrêt internationaux — ainsi que les lenteurs dans la liquidation administrative de la banque ont quelque peu entravé le travail des magistrats. Ces derniers ont auditionné plus de 4 000 personnes en qualité de témoins ou d'inculpés pour certains. Près d'une soixantaine de personnes ont été inculpées dans les différentes affaires. “Chaque jour qui passe apporte son lot de surprises”, précisent nos sources. Il semblerait, toutefois, que l'instruction a atteint, cette fois-ci, sa phase ultime. À moins de nouvelles surprises. Samar Smati