Parmi les points importants inscrits dans le programme d'action du ministère de la Jeunesse et des Sports pour l'année 2006, la réorganisation des fédérations sportives. Le plan comprend une batterie de mesures sur le plan organisationnel et infrastructurel, de même que la mise en place de nouveaux critères pour la répartition des subventions. Autrement dit, une meilleure assistance et contrôle de l'état du travail des fédérations. Cela doit passer par la mise en conformité des statuts de ces fédérations avec le nouveau décret 05-405 régissant les associations qui garantirait aux pouvoirs publics le renouvellement du personnel dirigeant. Cependant, la nouvelle politique du MJS, longtemps accusé d'avoir laisser pourrir la situation au sein des fédérations au moment où il fallait mettre le holà, va plus loin. Il s'agit plus de procéder à un état des lieux et donner des orientations générales de la tutelle pour des dirigeants censés assumer eux-mêmes leurs mandats en toute souveraineté sur la base d'un programme d'action. Il s'agit plutôt d'intervenir directement au niveau de ces associations afin de tenter de résoudre leurs problèmes. C'est ainsi qu'après la débâcle de la Coupe d'Afrique des nations en handball, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Guidoum, a mis en place une sorte de cellule de crise pour tenter d'expliquer cet échec cuisant. Il en a fait de même avec la fédération de football avec l'installation de trois groupes de travail pour la réforme de la discipline, et plus récemment encore, il a instruit un comité d'experts le chargeant d'établir le diagnostic de l'état du tennis algérien. Entre-temps, Guidoum aura dégommé le président de la fédération d'escrime pour faute grave. Au train où vont les choses, ce sont toutes les fédérations qui passeront au crible. Des diagnostics seront établis dans l'ensemble des associations. C'est là la seconde phase d'un plan qui consiste visiblement à récupérer la mainmise de l'Etat sur les associations sportives. Les clubs et les ligues ne seront pas en reste puisque les changements statutaires prévoient aussi un bouleversement conséquent au niveau des staffs dirigeants. C'est ce qu'appelle le MJS l'établissement d'un nouvel organigramme pour les fédérations. Un organigramme qui permet surtout des moyens de contrôle plus rigoureux et efficients pour l'Etat. L'on passe, du coup, d'une étape caractérisée par la démission des pouvoirs publics en ce qui concerne la gestion des fédérations, source indéniablement de l'avènement de véritables “dinosaures” à la tête des fédérations, à une autre étape marquée par une implication de l'Etat au nom du contrôle de l'utilisation des deniers publics. Ben entendu, cette velléité de contrôle ne fait pas que des contents. Beaucoup y voient un interventionnisme criant et une politique dirigiste contraire aux libertés associatives, consacrées par les lois de la République. Un président d'une fédération nous confiait récemment que Guidoum se comportait comme s'il était “le président de toutes les fédérations ; or, son rôle est éminemment politique et consiste à mettre en place justement une politique en matière de sport, loin des préoccupations techniques, comme celle qui consiste à choisir un entraîneur national, ou encore à procéder à une évaluation technique des résultats de la participation d'une équipe à une compétition internationale. En France, par exemple, vous n'entendrez jamais le ministre de la Jeunesse et des Sports faire un commentaire sur des dispositions prises par une fédération”. Et d'ajouter : “La valse des ministres qu'a connue le MJS est justement à l'origine du malaise du sport national. Tout simplement parce que chaque ministre qui arrive balaye en un tour de main le travail de son prédécesseur.” Et de conclure : “Oui pour le contrôle certainement mais sans doute non pour un dirigisme d'un autre âge.” S. B.