La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a interpellé son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour lui demander de mettre un terme à l'impasse sur le dossier nucléaire iranien, qui traîne depuis plus de deux semaines à l'ONU. Moscou, qui s'oppose, avec Pékin, à des sanctions sévères contre Téhéran, se dit prêt à travailler sur une résolution qui forcerait Téhéran à renoncer à ses ambitions de développer une bombe atomique. L'appel de Rice intervient après que Bush eut montré des signes d'impatience devant la lenteur des négociations en cours à l'ONU. Le Conseil de sécurité de l'ONU tente, en vain, de tomber d'accord sur un projet de texte exigeant de l'Iran de se conformer aux demandes de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) et, surtout, d'abandonner toute activité liée à l'enrichissement d'uranium. La Russie, suivie par la Chine, insiste pour maintenir le Conseil de sécurité dans un rôle de soutien de l'Aiea et refuse que tout délai accordé à l'Iran apparaisse comme un ultimatum, avec des possibilités de sanctions internationales. Lavrov a prévenu que son pays n'accepterait pas une décision de l'Occident sur l'Iran derrière son dos en réponse à des fuites sur des négociations secrètes menées par la Grande-Bretagne avec d'autres pays occidentaux. Le vœu de Mme Rice n'a, apparemment, aucune chance de se réaliser. Moscou et Pékin restent inflexibles. Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a félicité ses homologues russe et chinois lors d'entretiens téléphoniques pour la position de leur pays en faveur d'une solution acceptable par toutes les parties grâce, entre autres, à l'examen de la question dans le cadre de l'Aiea. Faisant allusion à la position de fermeté des Etats-Unis et des pays européens, notamment sa troïka (Grande-Bretagne, France et Allemagne), qui prônent la fermeté face à l'Iran, Mottaki a dénoncé ces pays membres du Conseil de sécurité, qui sont “minoritaires” et qui “poursuivent des objectifs politiques et cherchent la confrontation”. L'Iran, qui n'a cesse de revendiquer son droit au nucléaire, jure ne pas rechercher la fabrication de la bombe atomique. Téhéran, dont les dignitaires religieux unanimes ont déclaré que l'islam interdisait ce type d'armes non conventionnels, se dit prêt à réexaminer avec l'Aiea l'application de leur protocole additionnel, qui autorise des inspections inopinées des sites nucléaires iraniens. Téhéran avait décidé de ne plus appliquer le protocole additionnel après l'envoi de son dossier au Conseil de sécurité. D. Bouatta