Il aura à rencontrer les responsables des différents services de sécurité. Antonio Camacho Vizcaino, secrétaire d'Etat espagnol à la sécurité, est depuis hier à Alger pour une visite de deux jours. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, la sécurité, la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine seront au centre des entretiens qu'il aura avec Dahou Ould Kablia, ministre délégué aux Collectivités locales. Au cours de son séjour, l'envoyé de Madrid rencontrera également des responsables des services de sécurité, dont le DGSN Ali Tounsi. En outre, il se rendra au Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme et au laboratoire de la police scientifique de la direction générale de la police scientifique. Le déplacement de M. Vizcaino intervient après celui l'ayant mené à la fin du mois de janvier dernier à Rabat où s'est tenue une réunion de haut niveau sur la problématique migratoire. Depuis les incidents quelquefois dramatiques de l'automne dernier, ayant ponctué le refoulement par les forces de sécurité marocaines de centaines d'immigrants clandestins massés autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, les autorités ibériques, et plus généralement l'Europe, se hâtent de trouver une solution au flux incessant des migrants subsahariens. Selon le Commissariat européen à la liberté, la sécurité et la justice, plus de 30 000 candidats à l'aventure européenne guettent le moment propice pour la grande traversée. À Rabat, il y a deux mois, il était convenu d'étendre le champ d'action des patrouilles maritimes mixtes. L'UE via l'Espagne propose son aide au Maroc et à l'Algérie pour mieux contrôler les points d'infiltration des clandestins. Elle veut surtout arriver à les mettre d'accord sur une stratégie commune. Car l'épisode désastreux de l'automne dernier avait clairement montré que la solution pour le Maroc et l'Algérie dans le freinage des colonnes d'immigrants consistait uniquement à les ballotter d'un territoire à un autre. Face au refus de ces deux pays de mettre en place des centres de rétention, ils sont invités à accorder leurs violons autrement en coordonnant la surveillance des frontières. De cela, il en sera certainement question au cours des discussions entre le collaborateur du ministre de l'Intérieur, José Antonio Alonso, et ses hôtes algériens. Le second pendant de la sécurité a trait à la lutte antiterroriste. En novembre dernier, la garde civile espagnole interpellait 11 individus soupçonnés d'appartenance à une cellule de soutien logistique et financier du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) au cours d'une triple rafle à Alicante, Murcie et Grenade, dans le sud du pays. Les personnes arrêtées étaient soupçonnées d'avoir financé des activités terroristes grâce à l'argent de la drogue et la fabrication de fausses cartes de crédit. Cette cellule aurait entretenu des liens avec d'autres en France, en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni. Frappée de plein-fouet par le terrorisme suite aux attentats de mars 2004, ayant entraîné près de 200 morts, l'Espagne est déterminée à extirper le mal à la racine en mettant à contribution ses voisins du Sud. Dans une intervention devant la presse en juin dernier, Juan Luna, ambassadeur du royaume d'Espagne à Alger, avait qualifié l'Algérie de membre actif dans le Maghreb et la Méditerranée, s'agissant de la promotion de la stabilité, de la sécurité et de la lutte anti-terroriste. Son expérience dans ce domaine est la bienvenue. À ce titre, les fichiers de ses différents services de sécurité constituent une véritable mine pour les services ibériques. L'enquête ayant été menée suite aux attentats de Madrid avait abouti à l'arrestation d'un groupe, “les Martyrs du Maroc”, dont certains membres avaient été initiés à l'action terroriste par un certain Mohamed Achraf, de nationalité algérienne. Identifié comme le cerveau de l'organisation terroriste, il était détenu en Suisse avant son extradition en Espagne au début de l'année 2005. Selon le juge Baltazar Garzon, le magistrat rendu célèbre par l'enquête sur les attentats de Madrid dont il a pris la direction, Mohamed Achraf, préparait activement une action visant l'édifice de l'audience nationale de Madrid, la plus haute autorité judiciaire du pays. SAMIA LOKMANE