Selon les ministres syrien et libyen des Affaires étrangères, les Etats-Unis et la France ont manœuvré pour faire échouer ce sommet qui s'est ouvert, hier, en l'absence de la moitié des chefs d'Etats membres de la Ligue arabe, notamment les alliés des Etats-Unis. Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, n'a pas mâché ses mots pour accuser les Etats-Unis d'avoir incité de nombreux pays arabes à ne pas participer au sommet qu'abrite Damas depuis hier. “Les Etats-Unis ont tout fait pour empêcher la tenue du sommet mais ils ont échoué car demain, nous allons avoir un sommet très réussi”, a-t-il affirmé, hier, à la presse. “Leur but est de diviser les Arabes”, a-t-il martelé. “L'effort américain destiné à perturber le sommet, qui était palpable sur le terrain, a été annoncé par le porte-parole du département d'Etat à travers sa déclaration dans laquelle il a appelé les pays arabes à réfléchir avant de participer au sommet”, a estimé Mouallem. Sur sa lancée, il s'en prendra au président français auquel il reprochera son “ingérence” dans les affaires arabes parce qu'il a approuvé la décision des chefs de l'Etat égyptien et saoudien de ne pas participer au sommet. “Nous déplorons que le président Sarkozy se soit joint à l'orchestre des opposants au sommet arabe de Damas et qu'il se soit permis de s'ingérer directement dans le sommet”, a indiqué le ministre syrien des Affaires étrangères. Dans le même ordre d'idées, il ajoutera : “De notre côté, nous ne cherchons pas à savoir quels dirigeants participent ou non aux sommets européens et nous nous gardons de toute ingérence dans les affaires de l'Europe.” En effet, le président Sarkozy avait approuvé la décision de non-participation de certains pays, estimant que la Syrie se complaît dans sa position à l'égard de la crise libanaise. “Moi, je pense qu'ils ont raison parce que la Syrie a été trop loin”, avait dit à Londres le chef de l'Etat français au sujet de la décision de boycott d'un certain nombre de dirigeants arabes, avant d'ajouter : “Le Liban est un pays libre, c'est un pays indépendant. Le Liban n'a pas besoin d'un autre pays qui essaie de gérer ses affaires à sa place (...) Qu'on laisse les Libanais tranquilles.” La Libye a emboîté le pas à la Syrie en dénonçant les pressions occidentales exercées sur des pays arabes pour qu'ils baissent leur niveau de participation au sommet arabe, qui s'est ouvert hier à Damas. “Il y a eu des pressions américaines sur les pays arabes pour qu'ils baissent leur niveau de participation au sommet. Le président français Sarkozy s'ingère dans le sommet”, a déclaré Chalgham, le chef de la diplomatie libyenne à des journalistes. Selon lui : “Les Arabes ne s'ingèrent pas dans les sommets européens. L'attitude des Occidentaux est une farce, les Arabes doivent y remédier.” Cela étant, le sommet arabe s'est ouvert hier matin en l'absence de la moitié des chefs d'Etat, notamment les alliés de Washington dans la région, mécontents du rôle de la Syrie dans la crise politique au Liban. En effet, outre le président syrien Bachar al-Assad, hôte du sommet, les chefs d'Etat des Emirats arabes unis, du Soudan, de la Tunisie, de l'Algérie, de la Mauritanie, des Comores, du Koweït, du Qatar, de la Libye ainsi que le président de l'Autorité palestinienne, participent au sommet. La question palestinienne, la crise politique au Liban et l'Irak devraient dominer les débats de ce sommet. K. ABDELKAMEL