Dans le cas du milliardaire déchu, la mise en place de cette convention s'avère plus compliquée. Une grande confidentialité entoure le séjour, depuis hier à Alger, d'une délégation britannique, venue dans le cadre des négociations autour de l'accord d'extradition et d'autres conventions de coopération judiciaire, pénale, civile, commerciale et sur la circulation des personnes. Ni le ministère de la justice, ni la représentation diplomatique du Royaume-Uni à Alger ne se sont exprimés sur cette visite. Le déplacement ayant été ébruité par “une source à Londres”, citée par le bureau local de l'Aps. Selon cette source, il s'agit d'un “septième round de négociations intervenant après celui tenu à la mi-février à Alger, à la veille de la visite du ministre britannique des affaires étrangères, Jack Straw”. Les quatre accords en négociation seraient “en phase de finalisation”. Officiellement en tout cas, ce genre d'assertion est relayé depuis plusieurs mois par les autorités des deux pays. Pourtant, dans les faits, la phase de la signature tarde à venir. Des fuites, plus ou moins organisées font valoir de profondes divergences, notamment en ce qui concerne les clauses de la convention d'extradition. Les envoyés de Londres, qui auront à rencontrer les représentants de la chancellerie, savent de quoi il en retourne. Leur gouvernement, bien que disposé à coopérer avec Alger, pose des conditions. Il y a deux semaines, Rabah Toubal, responsable de la presse à l'ambassade d'Algérie à Londres, dévoilait la nature du blocage. Intervenant sur Channel 4, une chaîne de télévision anglaise, il révélait que les britanniques ont posé comme préalable à la livraison de suspects algériens dans des affaires de terrorisme, réfugiés ou détenus au royaume, la présence de juges britanniques devant s'assurer que le traitement des extradés soit conforme aux principes des droits de l'homme. Qualifiant cette demande d'atteinte à la souveraineté nationale, le diplomate a suggéré que les extraditions sont plutôt l'expression d'une volonté britannique. Quoi qu'il en soit, ses déclarations ont fait réagir rapidement les services de Sa Majesté, qui, par le biais de leur ambassade à Alger, ont nié avoir fixé la moindre condition à la livraison des terroristes. Mais pourquoi alors les pourparlers tardent-ils tant à aboutir ? Outre le dossier des terroristes, le cas Moumen Khalifa, ex-patron de l'empire éponyme, pose problème. Jack Straw, au cours de son séjour à Alger, avait clairement dit que sa livraison ne dépendait pas uniquement de la ratification d'un accord d'extradition. À ce chapitre, des sources judiciaires assurent que dans cette affaire, le “problème est politique”. Compte tenu de la réticence des britanniques à le mettre entre les mains de la justice algérienne (bien qu'il soit sous le coup d'un mandat d'arrêt international), il est probable que la procès Khalifa ait lieu sans lui. Dans ce dossier, les anglais considèrent en effet qu'il y a trop de zones d'ombre. Par ailleurs, ils estiment que les responsabilités sont multiples S. LOKMANE