L'absence prolongée de pluie, ces jours-ci, risque de porter préjudice à la culture des céréales à Batna. Les champs de blé commencent à perdre de leur fraîcheur, flétris sous l'effet d'un soleil de plomb. Les yeux scrutent le ciel à la recherche d'un petit nuage annonciateur d'orage. Les agricultures de la région commencent à parler de “laâm jebbad” (l'année s'est retirée), laissant présager une mauvaise récolte, à moins que le ciel... Dans l'attente de cet événement miraculeux, les fellahs sollicitent les responsables de la wilaya de Batna pour intervenir auprès des responsables du barrage afin qu'ils consentent à lâcher l'eau pour irriguer leurs terres. À perte de vue, comme sous l'effet d'un sort maléfique, l'herbe dépasse de quelques millimètres le sol. L'activité des graines ne s'est pas développée comme il fallait. Jusqu'alors, elles vivent au ralenti car les conditions extérieures ne sont guère favorables. “Makan, makan” (Il n'y a pas grand-chose de bon), lance à notre intention un fellah d'El-Kouachia qui nous accompagnait dans notre virée dans les champs de la plaine de Boulhilet. La terre commence à se crevasser, à se fendiller sous l'effet de la sécheresse. Au moindre pas, les mottes de terre craquent sous les semelles et, derrière, s'élève de la poussière. “Tu vois, le sol est sec, et l'herbe commence à mourir.” Aucune réponse. Les oiseaux, effrayés, prennent leur envol vertical et joignent les fellahs dans leur prière pour qu'Allah arrose ces terres assoiffées. Les fellahs ne sont pas du tout rassurés. Les préjudices aux cultures ne tarderont pas à être comptabilisés si la sécheresse se maintient. Pourtant, l'année était prometteuse. Des quantités importantes de pluie ont été enregistrées au début de la saison, puis le temps a changé défavorablement. Quelques ondées, mais elles n'étaient pas suffisantes. Elles n'ont fait qu'humecter la terre. “Les céréales et spécialement le blé, fait observer notre compagnon, sont gourmandes d'eau et demandent une quantité appréciable pour qu'elles poussent et donnent un rendement à l'hectare très élevé.” La qualité et le développement de l'herbe en dit beaucoup sur la quantité de pluie tombée sur la région. La menace est sérieuse sur la récolte. “Qu'allez-vous faire ?” “Nous n'avons qu'à implorer Allah…” “Si Allah ne nous accorde pas sa clémence, maintenant au début du mois d'avril, tout ça mourra.” “Nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer.” Mais l'espoir persiste de voir l'apparition de la pluie ce mois-ci pour sauver la récolte. “Tout dépend du mois d'avril. Si ce mois est pluvieux, la culture sera sauvée”, fait observer notre fellah. Croisons les doigts ! B. Belkacem