Les scènes d'émeute font, comme qui dirait, désormais partie des mœurs quotidiennes des villes et villages du pays. Cela peut arriver même dans un quartier “réputé” huppé. Avant-hier soir, le quartier Sidi-Yahia à Hydra a vécu un début d'émeute. Vers 20h30, après une altercation, un accrochage entre un jeune d'une cité du quartier et le propriétaire d'un café nouvellement ouvert a failli dégénérer en bataille rangée. Le motif : le jeune homme aborde une cliente du café, elle lui manque de respect. Réaction machiste, le jeune lui crache dessus. Intervient le propriétaire qui se bat avec lui, selon des témoins. Les serveurs s'en mêlent et tabassent le jeune, selon les témoignages. Se sentant humilié, le jeune homme rameute ses amis de quartier qui viennent se venger. Selon les mêmes témoins, le boucher pour se défendre sort les affronter muni d'un couteau. Les éléments de la police n'ont pas réagi, pas même pour embarquer le patron armé. Curieux et témoins vont de leurs versions. Tous les jeunes de la cité descendent au rond-point du quartier où se rejoignent les rues menant à Hydra, Saïd-Hamdine et Bir-mourad-raïs. Le patron s'enferme dans son local. C'est alors que des jeunes se déchaînent en criant, jetant des pierres et bloquant la route. Certains ont même essayé de brûler des pneus. Le voisinage n'a toujours pas digéré l'extension, l'urbanisation et l'évolution de leur quartier. En effet, de nouvelles bâtisses, des immeubles ont envahi tous les espaces ces dernières années. Des magasins en tout genre sont ouverts, notamment des établissements comme les cafés et les restaurants mixtes. Les “anciens” habitants reprochent aux propriétaires des deux cafés les plus réputés “les mœurs” de leurs clientes, quand ils ne les accusent pas clairement de faire de la prostitution. Les islamistes n'oubliant jamais leurs habitudes ont contribué à chauffer les esprits en jouant aux “gardiens” de la morale et des bonnes mœurs. Les discours moralisateurs ayant pris, les jeunes chauffés à blanc auraient pu commettre le pire. Heureusement que les autorités sont intervenues en se rendant sur place. Le maire, le wali, les chefs de sûreté de wilaya et de daïra. Les premiers officiers arrivés sur les lieux ont évalué le risque d'émeute et demandé des renforts. Cela d'autant que les jeunes ont menacé de lyncher le propriétaire au cas où il rouvrirait. En guise de renfort, il y a eu beaucoup de 4x4, mais pas de bus d'agents anti-émeute. Le wali tente de parlementer, les barbus s'imposent comme interlocuteurs. Même schéma avec tous les officiels présents. Les islamistes parlent en tant que comité de quartier, alors que, selon certains habitants, il n'y a aucun comité dans le quartier. Selon un officier, plusieurs plaintes ont été déposées contre les deux établissements. Toutefois, on soupçonne plus l'animosité et l'envie d'être à l'origine de l'incident et des plaintes. En effet, le quartier est partagé en deux. Une partie nouvellement construite où l'on trouve de belles bâtisses, des magasins aux allures provocantes et une fréquentation “trop” moderne. De l'autre la cité, une espèce de quartier populaire avec ses habitudes, ses haines, ses besoins et ses manques. La pauvreté, le chômage, entre autres, font que la présence de l'autre pan de la ville est vécue comme une agression. Hier, sur place, il ne restait aucune trace de la veille. Tout a été nettoyé. Pourtant l'incident a duré jusqu'à minuit. Les gens semblaient l'avoir déjà oublié. L'établissement concerné est resté cependant fermé. Peut-être pour quelques jours, le temps que la tension s'apaise. Djilali B.