Pour le président de la République, ceux qui pensent que la Charte pour la réconciliation est imposée au peuple algérien sont des partisans de la fitna qui ont “un cœur impénétrable et les oreilles vides”. “Dieu faites que notre pays soit sécurisé !” C'est là la prière du président Bouteflika en clôturant son discours devant les représentants des imams et des enseignants du Coran, à l'ouverture, hier, de la semaine du Coran à Alger. Inévitable sujet, la réconciliation nationale, dont le processus vient d'être enclenché, semble, dès lors, à travers le propos du président de la République, nécessiter plus d'efforts, notamment des hommes de religion auxquels incombe “la mission” de donner et de montrer la vraie image de l'Islam. Cette image falsifiée, faussée, obscurcie et déformée par les terroristes. Le président de la République ne s'étalera pas sur le sujet auquel il a consacré un bref passage de sa conclusion. Toutefois, il avouera profiter de l'occasion que lui a offerte la tribune de Dar El-Imam pour évoquer la question du pardon et de la réconciliation nationale. La démarche, argumentée aussi du Saint-Texte et de la Sunna, incite, a-t-il souligné, à la fraternité et à la réconciliation entre les gens, surtout s'ils sont frères, a-t-il affirmé. La réconciliation, qui a focalisé les espoirs et les efforts, est induite, selon le président de la République par “les dégâts qui ont touché les Algériens” au point de les faire trembler. Le terrorisme, qu'il n'évoquera qu'une seule fois sous ce vocable, n'a rien épargné, ni des personnes ni de leur croyance, jusqu'à “déclencher une fitna” qui a menacé la nation dans son existence et ses fondements. Le salut est venu de la miséricorde qui a atteint les cœurs. Premier déclic de prise de conscience qui a préparé le terrain à la concorde, la paix et la réconciliation répondant “à l'appel de la vérité et de la conscience”, a-t-il dit. Evidemment, sans trop discourir sur les résultats des différentes politiques entreprises pour ramener la paix, le Président dira simplement qu'“ils ont embrassé la paix”. Sauf, a-t-il relevé, les extrémistes, les ultras qu'il désignera par “ceux qui ont des cœurs impénétrables et des oreilles vides”. En fait, des êtres qui ne sont sensibles ni à la raison ni à la sagesse. Autrement dit, aucune démarche politique ne peut venir à bout d'eux. Implicitement, le Président rappellera que ceux qui ne veulent pas répondre à l'appel de la nation pour descendre des maquis, une fois le délai de grâce échu, seront combattus. Aussi présente-t-il la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qu'a fait sienne le peuple, qui “a ressoudé les liens entre les cœurs bon gré, mal gré”, comme un moyen exemplaire, la solution par excellence “choisie par Dieu pour ses créatures”. Le désir et la volonté de ramener la paix dans le pays ont exigé de l'Etat et des Algériens des efforts, du temps et des sacrifices, une certaine sincérité dans la démarche qui explique, aujourd'hui, selon le président de la République, le succès enregistré. La réconciliation a mis fin à l'effusion de sang, à la destruction des biens jusqu'à “nous engouffrer dans la fitna”. Cette fitna, dit-il paraphrasant le verset El-baqara, “est plus grave que le crime”. Paradoxalement, le président de la République, attendu pour réagir plus clairement ou frontalement aux sorties impromptues et intempestives de certains responsables du parti dissous, qui ont bénéficié des dispositions de la charte, ne dira pas un mot. Hormis ce petit détour sur la réconciliation nationale, le Président s'est contenté de disserter sur le gisement de connaissances, de savoir qu'est le Coran. Djillali B.