Pour commémorer ce quarante-neuvième anniversaire de la destruction du village par l'armée coloniale, la population d'Ath Maâmar dans l'ex-douar de Boumahni s'est donné rendez-vous en présence d'invités de marque qui ont rehaussé cet événement. À cet effet, un programme riche a été concocté par l'association d'Ath Maâmar. Après le lever des couleurs et le dépôt d'une gerbe de fleurs en présence des autorités locales, jusque-là interdites par les citoyens en raison de leur refus d'octroyer une parcelle de terre pour l'édification d'une stèle à la mémoire des martyrs du village, plusieurs personnes se sont succédé à la tribune pour témoigner sur ce qui s'était passé ce 12 avril de l'année 1957 quand le village avait été entièrement rasé par l'artillerie française. En effet, selon les intervenants, cette destruction avait été décidée pour en finir avec les “fellagas” qui causaient de grosses pertes aux forces coloniales. Le témoignage de Selmane Mohand Ameziane a été des plus poignants. Malgré son âge avancé et son handicap, il prend la parole pour rappeler que la raison essentielle de raser ce village était surtout le fait que ce hameau de deux cents âmes comptait déjà soixante cinq guerriers de la première heure. “Notre village avait été entièrement détruit. Même nos bêtes étaient abattues. Nos provisions alimentaires (figues, huiles…) étaient entièrement calcinées. Nos femmes torturées. Depuis ce jour maudit, notre population avait trouvé refuge dans les villages environnants”, a ajouté un autre intervenant. Quarante-neuf ans après, les jeunes du village se sont organisés en association. Ils jurent de perpétuer cette histoire si bien qu'aujourd'hui le village est reconstruit. Ath Maâmar est l'un des villages le mieux organisé en matière d'activités collectives. “Pour cette année, comme vous voyez, tous les médias sont présents. Que notre village devienne un exemple pour les autres”, a conclu un intervenant. Nous avons quitté ce village en gardant en mémoire cet air de fête peu habituel dans certaines localités. La stèle où sont gravés en lettres d'or les noms de tous les martyrs dans les trois langues (tamazight, arabe et français) se dressera là en témoin immortel. O. Ghilès