Le patron de Sonelgaz, Nouredine Bouterfa, a détaillé le cas des réformes engagées en Algérie. L'accès à l'énergie demeure, aujourd'hui, très limité pour les pays africains puisque 25% de la population du continent bénéficient des ressources énergétiques. C'est ce qu'a annoncé, hier, M. Nouredine Bouterfa, président du comité algérien de l'énergie et P-DG de Sonelgaz, lors du séminaire sur les réformes des marchés de l'énergie en Afrique. Les pays africains accusent, a-t-il indiqué, un retard important en termes d'accès à l'énergie comparativement aux pays développés où le taux de pénétration oscille à 110%. La situation de ces pays est qualifiée, selon M. Alioune Fall, vice-président du Conseil mondial de l'énergie, de “véritable dilemme”, car l'Afrique dispose de ressources énergétiques abondantes, notamment en gaz naturel. Le potentiel de l'Afrique est évalué, dira-t-il, à 1 800 milliards kilowatts/heure. Cette situation “paradoxale” est due essentiellement, a-t-il expliqué, au problème de gouvernance dans les pays africains, c'est-à-dire la création des conditions nécessaires afin de mobiliser l'argent public et privé pour assurer l'accès à l'énergie. Le Conseil mondial de l'énergie a initié, confie M. Bouterfa, une étude sur les marchés énergétiques dans les régions Afrique, Asie et Amérique latine. Cette étude met en relief, a-t-il ajouté, certains obstacles qui entravent la libéralisation du potentiel énergétique considérable dont est dotée l'Afrique et freinent sensiblement les démarches orientées vers le développement durable du continent. Il s'agit, notamment du faible niveau d'accès aux énergies commerciales modernes, les coûts élevés des investissements, le défaut d'expertise technique, le client défavorable pour l'investissement et la précarité des services énergétiques, a-t-il argumenté. Les experts du Conseil mondial de l'énergie ont relevé que “les pays industrialisés consomment 10 700 tonnes watts/heure d'énergie contre 4 300 tonnes watts/heure pour les pays en développement”. Pour M. Nouredine Bouterfa, “la réforme dans le secteur de l'énergie en Algérie prend appui sur la clarification des rôles de l'Etat, du secteur public et du secteur privé dans le développement du potentiel énergétique national”, en soulignant que “les réformes ont atteint, désormais, un nouveau palier grâce à la mise en place d'agences de régulation pour les différents sous-secteurs concernés”. La nouvelle politique énergétique favorise, a-t-il expliqué, les économies d'échelle puisqu'elle agit parallèlement en faveur de la sécurité des débouchés pour les exportations algériennes d'énergie et contribue à assurer l'approvisionnement à long terme des pays partenaires du Nord en termes physiques. Le secrétaire général du ministère de l'énergie, M. Faïçal Abbas, a rappelé que “l'Algérie a promulgué trois lois portant respectivement sur les mines, l'électricité et les hydrocarbures qui préparent l'Algérie à la mise en œuvre de l'accord d'association signé avec l'Union européenne et sa prochaine adhésion à l'OMC”. Ce responsable a déclaré : “Nous avons achevé, également, la restructuration de l'opérateur historique Sonelgaz en plusieurs filiales et la création de cinq agences de régulation.” Le patron de Sonelgaz a révélé, par ailleurs, que “la compagnie nationale s'intéresse au marché maghrébin et africain dans sa stratégie de développement à moyen et long terme”. Actuellement, le groupe Sonelgaz est en train de construire, a-t-il soutenu, des lignes électriques d'une capacité de 400 kilovolts chacune avec le Maroc et la Tunisie. Les pays africains se réuniront, a-t-il rappelé, en juillet prochain en vue d'étudier les modalités d'accès au fonds d'aide aux pays pauvres du continent pour l'accès à l'énergie. Faïçal Medjahed Bouterfa à propos du prix d'électricité “Il représente 10% du SNMG” Le prix actuel de l'électricité représente, selon M. Bouterfa, 65% seulement du coût réel de sa production. Il a ajouté que “la facture d'électricité représente, aujourd'hui, 10% du salaire national minimum garanti (SNMG) qui est fixé à 10 000 DA”, en affirmant que “la commission de régulation de l'électricité et du gaz n'a pas encore tranché la demande d'augmentation du prix de consommation domestique introduite par Sonelgaz”. Le patron de Sonelgaz n'a pas donné plus de précisions sur le seuil de hausse des prix de l'électricité demandé par sa compagnie. Le groupe de Sonelgaz a réalisé, dira-t-il, un résultat net de 100 milliards de dinars en 2005. F. M.