Si Gunter Glosser n'a rien ramené dans sa hotte, sa venue reste prometteuse. Et c'est lui-même qui le suggère à demi-mot. “Nous avons parlé de la coopération bilatérale, de la coopération entre l'Algérie et l'UE ainsi qu'entre l'Algérie et l'OTAN” a-t-il indiqué, hier, en réponse à une question d'un journaliste à sa sortie de sa rencontre avec le ministre délégué à la Défense, Abdelmalek Guenaïzia, au siège du MDN à Alger. Bien entendu, la réponse, somme toute diplomatique, englobait ce qui passe aux yeux d'un diplomate comme des “éclairages” à l'interrogation de savoir si la coopération militaire était comprise. Seule précision : “À l'avenir, nos experts continueront à travailler ensemble !” Pour le reste, le ministre allemand s'est montré très avare en déclarations, laissant la “meute” de journalistes conviée sur sa faim. Du côté algérien, on n'a pas fait mieux. Dans un communiqué laconique distribué aux médias, il est simplement noté que “M. Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, a reçu, sur sa demande, ce jour, le 24 avril 2006, au siège du ministère de la Défense nationale, M. Gunter Gloser, ministre délégué allemand aux AE, qui effectue une visite en Algérie, du 23 au 25 avril”. Si rien n'a filtré de la teneur des discussions avec M. Guenaïzia, qui ont duré près d'une heure, le souhait des Allemands de jeter des passerelles avec l'Armée algérienne, au-delà bien entendu de la coopération qui existe dans le cadre de l'OTAN, laisse à penser que eux aussi sont intéressés par une coopération militaire. Une coopération qui pourrait revêtir la forme d'un cycle de formation au profit de militaires algériens ou alors de ventes d'armes. En tout cas, une coopération dont les termes seront définis par les “experts”. Une perspective, en effet, très plausible d'autant que le pays affiche une bonne santé financière et est convoité par de grandes puissances à l'image de la Russie avec laquelle l'Algérie a passé un accord qualifié par les observateurs “d'accord du siècle”. Un accord qui a fait également beaucoup jaser dans les chaumières occidentales. Du moins les Etats-Unis qui ont vite fait — si l'on ose une lecture au premier degré — de convier le général de corps d'armée Gaïd Salah au Pentagone. “On a une grande marge de manœuvre (…) Vous avez fait des analyses sur la visite de général de corps d'armée aux Etats-Unis, vous pouvez le faire sur la venue du ministre allemand !” a suggéré, un tantinet plaisantin, l'officier algérien. Peu avant cette visite au siège du MDN, le ministre allemand s'était entretenu avec le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. M. Glosser a indiqué que cette rencontre a été l'occasion de discuter “des possibilités existantes afin d'améliorer davantage les relations politiques et économiques entre l'Algérie et l'Allemagne”. Non sans ajouter que les deux parties ont convenu de “poursuivre leurs contacts dans les semaines et mois à venir à différents niveaux”. Pour sa part, le responsable algérien a expliqué à son interlocuteur les mutations opérées en Algérie et les opportunités offertes à l'investissement allemand. Autre centre d'intérêt des Allemands : le pétrole. Dans ce contexte, M. Glosser a expliqué, à son arrivé avant-hier déjà à Alger, que l'un des volets de sa visite concerne le renforcement de la coopération économique avec l'Algérie en tant que “pays producteur d'énergie”. Et ce n'est pas tout, puisque d'autres questions, non moins importantes, figurent également sur son agenda, comme le processus de Barcelone ou encore la situation en Irak ou en Palestine. C'est dire, donc, que cette visite est loin d'être anodine. “Les Allemands étaient absents depuis longtemps…” a résumé l'officier, comme pour signifier qu'ils cherchent visiblement à rattraper le temps perdu. KARIM KEBIR