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Une fillette de 12 ans mariée à un “émir”
Elle a vécu dans les maquis de Annaba
Publié dans Liberté le 27 - 04 - 2006

Cette fillette est arrivée bébé dans les maquis. Son père l'a offerte à un émir, avant d'abandonner la mère et ses 6 autres enfants.
Absurde, voire inhumaine l'histoire d'une fillette qui vivait au maquis avec sa mère et ses six frères et qui venait à peine de fêter ses 12 printemps. Cette enfant de 12 ans a été offerte à un “émir”, qui sévit dans les monts de l'Edough de Annaba. C'est ce qu'a révélé sa mère lors de son interrogatoire, une jeune femme “terroriste”, âgée de 28 ans, arrêtée la semaine dernière en compagnie de ses 7 enfants par les éléments de l'ANP dans la région de Soulah, commune de Treat, à 30 km à l'ouest de Annaba. La victime ressemble à une véritable petite fée à tout point de vue et ce, malgré les vêtements de misérable qu'elle portait. Le regard de cette gamine en dit long sur les années de souffrance qu'elle a vécues dans les montagnes de l'Edough. “Tout au long de l'interrogatoire de sa mère, la fillette n'a pas dit un mot. Elle semblait être ailleurs”, rapportent nos sources. “C'est inimaginable ! Comment peut-on offrir une gamine qui n'a même pas atteint l'âge de la puberté ? Cela dépasse tout entendement. Mais avec ces monstres, les actes ignobles sont monnaie courante”, s'exprime à ce sujet un officier de sécurité. Elle est née au village de Kerkra, à 10 km de la ville de Collo (Skikda) avant que sa mère, rejetée aussi bien par ses beaux-parents que par ses parents, ne rejoigne son premier mari au maquis de ladite région, en 1996, alors que cette cadette n'était qu'un bébé. Dans les maquis où elle a grandi, elle a été offerte par son père à l'“émir” pour satisfaire ses besoins bestiaux. Elle, comme ses frères et sœurs, ignore tout de la vie. Ils étaient dans un état physique lamentable. Squelettiques, les 7 enfants réunis ne dépassaient pas les 40 kg. En haillons, crasseux et terrassés par la faim, ils n'avaient pas mangé depuis cinq jours. Les seuls aliments qu'ils avaient consommés, c'étaient des racines de plantes et autres cardes sauvages cueillies dans la forêt. À ce propos, les doigts des gamins ressemblent beaucoup plus à des griffes de bêtes à force d'arracher les racines et autres plantes pour se nourrir ; le bébé, quant à lui, était enveloppé seulement dans un vieux morceau de tissu. De plus, aucun de ces enfants ne sait lire, ni écrire.
Cette famille a été abandonnée par leur dernier “parrain” cinq jours avant qu'elle ne soit découverte par les éléments de l'ANP. “Il m'a promis d'aller chercher un véhicule pour fuir les lieux, devenus incertains, devant le pressing non-stop des services de sécurité. Depuis, il n'a plus donné signe de vie ; alors j'ai décidé de sortir pour chercher un moyen de fuir cet enfer. C'est alors que les militaires nous ont débusqués dans la forêt, perdus dans la nuit noire et ne sachant pas dans quelle direction aller”, témoigne-t-elle.
Aujourd'hui, elle et ses enfants sont entre les mains des autorités. La mère de famille semble moins inquiète. Elle devra se prêter aux séances de psychothérapie que les services spécialisés, qui l'ont prise en charge, ont prévu pour elle et ses enfants.
B. Badis


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