Près de vingt jours après son séjour en Algérie, le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy, qui subit déjà les critiques de la presse dans l'Hexagone, écrit au président Bouteflika afin de le remercier pour “les égards et les marques d'attention” qui lui ont été réservés au cours de son séjour en Algérie. “De retour à Paris, je tenais à vous adresser mes remerciements pour les égards et les marques d'attention qui m'ont été réservés, et à travers moi mon pays, tout au long du déplacement que je viens d'effectuer en Algérie. J'en conserverai le souvenir le plus vif”, a écrit M. Douste-Blazy dans sa missive. Le ministre français s'est dit “particulièrement honoré” par l'audience que le chef de l'Etat a “bien voulu” lui accorder, soulignant que “les analyses approfondies que vous avez développées devant moi, tant sur les relations bilatérales que sur les grands dossiers régionaux, m'ont confirmé dans ma conviction qu'il existe entre nos deux pays une volonté profonde de dialogue et de coopération”. Douste-Blazy a ajouté avoir “pris toute la mesure des attentes qui sont les vôtres, s'agissant en particulier du projet de traité d'amitié dont la France reste convaincue, pour sa part, qu'il peut donner une nouvelle impulsion au partenariat d'exception que nos deux pays souhaitent construire”. “Soyez assuré de l'attention personnelle que j'entends porter aux questions que vous soulevez, notamment celles qui concernent la circulation des personnes”, a-t-il précisé avant de conclure que “la France est désireuse d'accompagner votre pays dans ses projets d'investissement, de développement et de réforme. Elle entend soutenir les efforts de votre gouvernement et de s'associer à ses projets économiques… convaincue qu'une relation forte et confiante entre nos deux pays est de nature à favoriser une dynamique de dialogue et de coopération régionale et euro-méditerranéenne”. Comme le recommandent les usages diplomatiques, ce genre de missive devrait être adressée au lendemain de la visite. Ce qui n'est pas le cas. Pour Douste-Blazy, c'est probablement une bourde à comptabiliser à son palmarès d'erreurs dans la gestion des affaires internationales, comme il a tellement habitué ses collègues du Quai d'Orsay depuis sa nomination à ce poste. Mais dans le cas de l'Algérie, le chef de la diplomatie française tente-t-il de s'excuser après les propos qu'il a tenus sur la réhabilitation de l'article 4 glorifiant la présence coloniale française dans notre pays notamment ? Après avoir remis au goût du jour les bienfaits de la colonisation en affirmant, le 19 avril dernier, le jour même du déplacement du président Bouteflika pour un contrôle médical au Val-de-Grâce, que “la conquête a été suivie d'avancées grâce au travail d'instituteurs, d'architectes ou de médecins”, le ministre français des Affaires étrangères emboîte le pas à Jean-Marie Le Pen du Front national : “Je ferai une remarque concernant les propos de M. Bouteflika sur la France : je vois qu'il apprécie les médecins français, je vois qu'il apprécie la médecine française, je vois qu'il apprécie les hôpitaux français.” C'était le 23 avril. C'était il y a une semaine. Depuis, que s'est-il passé pour amener Douste-Blazy à des propos mesurés, comme le veut la diplomatie ? À moins que l'initiative n'émane pas de lui. Salim Tamani