Visiblement, la précarité émeut de plus en plus le monde du travail à Oran qui a célébré, hier, sa journée mondiale. Une aire d'« exaspération quasi-généralisée » a plané durant la journée d'hier. Et pour cause : Ils seraient, en effet, 1 600 travailleurs à n'avoir pas perçu leurs salaires depuis plusieurs mois. « Licenciements abusifs, non paiement des arriérés de salaires, travail au noir...La précarité est si flagrante que cette journée est plus un rendez-vous, nous permettant d'interpeller les pouvoirs publics afin d'atténuer cette détresse qui pèse sur les travailleurs », brandit Cherif Said, chargé de l'organique de l'Union de wilaya de l'UGTA qui s'apprêtait à célébrer le premier mai, cette année, au siège de l'entreprise ALVER. Un geste qui se veut « tout un symbole. » Parmi le millier de salariés à réclamer leurs arriérés de salaires, l'on cite les 450 employés de SIMAS de Hassi Ameur, entreprise spécialisée dans la chaudronnerie, qui se retrouve en situation de liquidation depuis une année. C'est le cas aussi des travailleurs du Complexe laitier d'Oran (CLO) qui n'ont pas perçu leurs dus depuis trois mois, des 135 travailleurs de la régie communale des transports urbains (RCTUO) qui attendent leurs soldes depuis 11 mois et des 74 travailleurs de l'office des sports qui n'ont pas perçu leurs salaires depuis 35 mois. Sont aussi dans la même situation, les 43 travailleurs de l'EDIPAL et les 160 autres de ENADITEX qui attendent, respectivement depuis 11 et trois mois. Précarité accrue Les 90 handicapés de l'EPIH, qui fabrique les balais, vivent aussi dans la même précarité depuis 6 mois. Il en est de même pour les 244 salariés d'ERIAD, sans salaires depuis trois mois et pour les 454 autres à GOPROM qui, eux, attendent depuis deux mois. Même scénario précaire pour les 22 travailleurs de SOCOP qui fabrique le plastique et pour les 177 salariés de Hydrourbain, sans salaire depuis 3 mois. Ils sont encore 80 à l'ENAPEM d'Es Sènia (électroménager), à attendre désespérément depuis 11 mois. Autre problème soulevé par les syndicalistes : « Les licenciements abusifs, puisque ils sont 200 à être abusivement virés. Ces derniers, en dépit du fait qu'ils aient été réhabilités par des décisions de justice, ne sont pas encore réintégrés dans leurs entreprises. » Parmi les griefs lancés par les syndicalistes à l'égard des pouvoir publics : leur non concertation avant de prendre de lourdes décisions sur le plan social. Les 14 000 retraités affiliés à la fédération nationale des retraités (FNTR) se sont récemment opposés contre l'arrêté interministériel qui a institué un tarif de référence pour le remboursement du médicament. La mesure est jugée « pénalisante » pour cette couche sociale déjà fragilisée par son faible pouvoir d'achat. Enfin, les syndicalistes décochent des flèches à peine voilées en direction de certaines entreprises qui se sont implantées à Oran. Les syndicalistes laissent entrevoir que « ces entreprises boudent la main d'œuvre locale et recourent à la main d'œuvre étrangère. »