Ce sera un pays pacifié et aussi prospère que possible, où la solidarité aura un sens concret. Dans une interview qu'il a accordée au mensuel Arabies à paraître début mai, et dans laquelle il a évoqué les réformes engagées, le président Abdelaziz Bouteflika a fait part des grands projets de l'Algérie de demain, ainsi que les relations internationales du pays, aussi bien les voisins maghrébins que les puissances comme la France et les Etats-Unis. Le chef de l'Etat a tout d'abord souligné que les réformes déjà entreprises touchent tous les secteurs vitaux de la vie nationale: l'éducation, la justice, l'administration, l'économie, les banques, ajoutant que parallèlement à ces réformes structurelles, le second plan de soutien à la relance économique est en cours de lancement avec une priorité aux infrastructures, l'habitat, la santé, les équipements collectifs, l'agriculture, le développement du Sud, ainsi que les Hauts-Plateaux pour lesquels un programme de 620 milliards de dinars vient d'être décidé. Il a rappelé qu'au total l'Etat investira environ 80 milliards de dollars sans aucun recours à l'endettement extérieur. Ce montant constitue ainsi le double de celui qui a été consacré au premier plan 2000-2004, alors que la dette extérieure aura baissé de moitié en 2006, par rapport à 1999, passant de 28,1 à 13,9 milliards de dollars. Il est clair, comme a tenu à le rappeler le président de la République, que l'ensemble du dispositif mis en place vise à préparer l'après-pétrole, c'est-à-dire l'Algérie de demain, dont il affirme que ce sera un pays pacifié et aussi prospère que possible. Mais aussi un pays où la solidarité ne sera pas un vain mot: «A cet égard, le budget de 2006, par exemple, prévoit plus de 500 milliards de dinars de transferts sociaux, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2005.» Sur un autre plan, le chef de l'Etat a réaffirmé la détermination de l'Algérie à adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), précisant que même si les négociations prennent du temps, elles ne sont pas pour autant bloquées: «Un accord a été trouvé sur de nombreuses clauses. Pour le reste, les négociations se poursuivent normalement.» La ligne de conduite est claire. Il s'agit pour l'Algérie de concilier ses engagements internationaux avec la défense de ses intérêts. Le processus engagé est sur le point d'aboutir. Abordant la question des relations de l'Algérie avec ses voisins maghrébins, le chef de l'état a affirmé qu'au plan bilatéral, l'Algérie n'a aucun problème avec ses voisins: «Elle ne ménage aucun effort pour consolider et élargir sa coopération avec eux dans tous les domaines.» Avec la Libye notamment, le président de la République a déclaré que «la coopération économique a toujours existé et qu'elle est appelée à se développer davantage dans le cadre des options mises en oeuvre dans chacun des deux pays.» Reste le problème épineux du Sahara occidental. Le chef de l'Etat a rappelé qu'il concerne le royaume du Maroc, le Front Polisario et les instances onusiennes. «Conformément à la Charte des Nations unies ainsi qu'aux accords conclus à Houston entre les deux parties concernées, c'est-à-dire le Maroc et le Front Polisario, sous l'égide du représentant du secrétaire général de l'ONU.» En conclusion, le chef de l'Etat, tout en remarquant que ce problème pèse sur les relations entre l'Algérie et le Maroc, a émis le voeu que ce dossier, qui est du ressort de l'ONU, soit «mis de côté entre nous et qu'il n'empêche pas le développement des relations bilatérales dans tous les domaines». Interrogé sur un rapprochement entre l'Algérie et les Etats-Unis, qui se ferait au détriment des relations algéro-françaises, le président a tenu à lever toute équivoque, en déclarant: «Nous entretenons des relations avec de nombreux pays sur la base du respect mutuel et des intérêts communs. Notre souci prioritaire est la défense des intérêts légitimes de notre pays.» En langage clair, cela veut dire que la coopération qui se développe effectivement avec les Etats-Unis n'est évidemment dirigée contre personne, d'autant plus que la France, est un pays ami, avec lequel la coopération est en train de se consolider. Quant à la Palestine après la victoire du Hamas, le président estime que son avenir dépend avant tout de sa population, refusant d'assimiler la résistance du Hamas au terrorisme.