Première retombée de ce mouvement de débrayage entamé hier, les rues du chef-lieu de wilaya croulent sous les ordures ménagères. “Deux jours de grève en réponse au mutisme et au mépris affichés par l'administration communale à l'égard des travailleurs pour la satisfaction de leur plate-forme de revendications socioprofessionnelles votée en AG le 30 janvier 2006.” Le communiqué annonçant le débrayage affiché à l'entrée du siège de l'APC de Tizi Ouzou ne peut échapper à l'attention des passants. Depuis hier, 1 452 travailleurs communaux exerçant dans les services de l'état civil, le nettoiement, la maintenance et le parc sont à l'arrêt. Toutefois, un service minimum est observé au guichet “funéraire” où l'on délivre des permis d'inhumation et de transport de corps. Les éboueurs eux aussi assurent la permanence de l'activité dans les hôpitaux et l'abattoir de la municipalité. “Si l'administration fait la sourde oreille, nous reviendrons à la charge”, s'irrite un syndicaliste de l'Ugta avec une pointe d'agacement avant d'énumérer les difficultés rencontrées par le personnel. “Le siège de l'APC est dépourvu de chauffage depuis quatre ans. En hiver, nous grelottons de froid à l'intérieur même des bureaux. Les sanitaires sont sans eau depuis 18 mois. En rentrant aux toilettes, une invitée de la municipalité de Roche-sur-Yon a failli s'évanouir en découvrant l'état des lieux. Ce n'est pas tout. Les contractuels n'ont pas été payés depuis trois mois. Les agents de la voirie travaillent sans gants ni chaussures de sécurité…” Réuni en assemblée générale le 30 avril dernier, le conseil syndical Ugta de la commune de Tizi Ouzou a décidé d'opter pour la grève. “C'est l'ultime recours depuis l'échec consommé par une administration défaillante à assumer ses engagements pris lors des négociations sanctionnées par des procès-verbaux en date des 25 février, 19 et 21 mars, de l'année en cours”, dit-on. Cette décision est assortie d'une plate-forme de revendications en 25 points. Au volet administratif, les protestataires réclament le versement de la paie de l'ensemble des employés le 15 de chaque mois ainsi que le paiement des rappels et autres rémunérations. Il est exigé également l'arrêt définitif des recrutements anarchiques, la régularisation des agents de la régie qui remplissent les conditions de recrutement suivant la réglementation en vigueur et qui ont donné satisfaction dans l'accomplissement de leur travail. Le respect de l'état des effectifs et du plan annuel de gestion des ressources humaines de la commune, la rénovation du matériel roulant des services opérationnels comme le nettoiement constituent aussi un sujet de préoccupation pour eux. Au plan social, les doléances sont résumées en six points. Le premier a trait aux coopératives immobilières attribuées aux travailleurs et qui demeurent bloquées à ce jour. “Il est temps de récupérer les deux autres affectées initialement aux travailleurs de la commune et convoitées actuellement par des pseudos syndicalistes.” L'ouverture immédiate d'une cantine et d'une cafétéria, l'établissement d'une convention sur la médecine du travail, la réhabilitation des douches pour le personnel des services de nettoiement, de maintenance et le parc communal, les logements. La litanie des “chikayate” est encore longue. Que peut bien faire une assemblée aux moyens limités ? “Beaucoup de points relevant de la gestion ont été satisfaits. Les autres tels que les salaires, la charte d'habillement et autres dépenses sont liés à l'approbation du budget primitif (BP). Nous allons déboucher sur du positif”, répond le P/APC de Tizi Ouzou qui nous a reçu dans son bureau. Par terre, deux grandes bassines recueillent l'eau qui s'égouttait du plafond. A. TAHRAOUI