“Je me suis exprimé à Marrakech (lors de la conférence des ministres arabes de la justice à la fin du mois dernier) sur cette question, en ma qualité de ministre de la justice, et j'ai bien dit que les accords de coopération judiciaire et d'extradition avec la Grande-Bretagne ont été finalisés. Leur signature est une question de temps”, martèle Tayeb Belaïz. Relancé par les journalistes pour savoir si une échéance est fixée pour la ratification de ces accords, le ministre de la justice se contente d'avancer qu'ils “seront signés le plus tôt possible”. Cet enthousiasme tranche avec le défaitisme des britanniques qui, par la voie du négociateur en chef dans ce dossier, avaient soutenu il y a quelques temps que les pourparlers avec l'Algérie ont échoué. Or, une tel aveu ne semble nullement avoir de l'effet intra-muros. Selon une source judiciaire, les propos du diplomate britannique ont été mal interprétés. De même, la réticence prétendue de Rabat quant à la livraison des trois individus impliqués dans le scandale financier de la Banque nationale d'Algérie (BNA) et actuellement détenus dans le royaume alaouite, n'est que pure spéculation. “La cour de cassation marocaine a tranché. Leur extradition relève uniquement d'une question de procédures”, assure le garde des sceaux. Distillant ses déclarations par des doses très infimes, il n'a pas voulu aller en détail dans toutes les affaires qui occupent son secteur. Interpellé hier en marge de la cérémonie d'installation de 16 hauts magistrats, tenue au siège de la cour suprême, le premier responsable de la chancellerie a d'abord improvisé des visites d'inspection à l'école supérieure de la magistrature et l'hôtel des magistrats, situés tout près, avant de concéder des bribes de réponses. L'affaire Khalifa — du nom du principal protagoniste, patron du groupe du même nom —, au cœur de l'actualité, est à ses yeux un dossier parmi d'autres. “La loi s'applique à tout le monde”, observe-t-il. Et de renchérir plus sec : “Le temps de l'impunité est révolu.” Afin que justice soit appliquée à tous et de manière équitable, il faut que les juges soient à la hauteur de leur mission. Un objectif qui, selon Belaïz, doit être atteint grâce à la réforme. Parmi les 16 magistrats installés, hier, figurent 13 conseillers à la cour suprême et 3 juges au Conseil d'Etat. Une magistrate a été également promue au sein de cette dernière institution en qualité de chef de service. Une dizaine de ces magistrats ont été désignés en remplacement de leurs collègues mis à la retraite, il y a près de dix jours conformément à un décret présidentiel. Selon le garde des sceaux, leur départ n'est pas un limogeage. S. Lokmane