Dans un communiqué rendu public hier, et qu'il justifie au passage par son souci de permettre à la presse d'“accéder aux sources d'information” au grand bénéfice du “professionnalisme”, le président du MSP estime qu'il convient d'éviter le recours à la motion de censure en vue d'un retrait de confiance au gouvernement, même s'il s'agit là d'une procédure prévue par la loi fondamentale du pays. Il serait “préférable”, selon lui, que le président de la République use de “ses prérogatives constitutionnelles” pour dégommer l'actuel Chef du gouvernement. Il rappelle que l'article 77 de la Constitution confère au chef de l'Etat le pouvoir de “désigner” un Chef du gouvernement et de “mettre fin à ses fonctions”. Pourquoi donc M. Soltani voudrait-il contourner le procédé de la motion de censure ? Il s'explique : “User d'un droit constitutionnel est normal dans des conditions normales.” Or, selon lui, un retrait de confiance à Ahmed Ouyahia après évaluation du bilan du gouvernement à l'Assemblée nationale risquerait de conduire à des “turbulences politiques”. En pareilles circonstances, le chef du MSP juge qu'il conviendrait de faire usage d'un droit constitutionnel “supérieur, plus efficace et plus indiqué”. Et il ne manque pas de le préciser : “Il s'agit du droit du président de la République de désigner un Chef du gouvernement et de mettre fin à ses fonctions.” Le MSP considère que le recours “aux procédés constitutionnels traditionnels” est avantageux par rapport aux méthodes d'“urgence”, compte tenu de “nos réalités” et de la nécessité de penser à la sauvegarde de “la stabilité”. De plus, que le président de la République fasse usage de l'article 77 de la Constitution garantirait mieux, aux yeux de Abou Djerra Soltani, cette stabilité, et ce procédé “consacrerait plus facilement la démocratie et assurerait l'honnêteté des élections”. Il s'agit aussi pour le MSP d'assurer “l'apport d'un sang neuf au gouvernement”, lit-on encore dans le communiqué qui rappelle que son appel à la mise en place d'un gouvernement “technocrate” vise à soustraire l'alliance présidentielle des critiques qui lui sont faites, et notamment de “l'accusation de fermeture du champ politique”, mais aussi à “affranchir l'acte électoral de l'accusation de fraude”. Idem pour la révision de la Constitution, c'est encore au président de la République d'y procéder, selon le président du MSP qui, là aussi, ne manque pas d'indiquer la voie à suivre pour ce faire. Abdelaziz Bouteflika devrait, selon lui, appliquer l'article 74 de la Constitution qui permet au président de la République d'amender la loi fondamentale sans un référendum populaire, mais simplement en soumettant les amendements voulus au vote des parlementaires des deux Chambres (APN et Sénat) réunies. Lors d'une récente sortie médiatique, Ahmed Ouyahia, qui s'exprimait en qualité de secrétaire général du RND, avait réitéré son opposition à la tenue d'un référendum pour une révision profonde de la Constitution qui bouleverserait les équilibres institutionnels actuellement en vigueur. Il avait, toutefois, souligné qu'il ne s'opposait pas à des amendements qui permettraient à Bouteflika de briguer un troisième mandat présidentiel. Un exercice que Bouteflika n'oserait pas, pensait sans doute Ahmed Ouyahia. Un exercice que le Chef du MSP exhorte Bouteflika à faire, comme pour répondre au “défi” du patron du RND. Saïd Chekri