Cette démarche défendue par le chef du groupe parlementaire ne fait pas l'unanimité au sein du parti majoritaire Le chef du groupe parlementaire de l'ex-parti unique n'a pas réussi à convaincre ses collègues de l'utilité de recourir à une telle démarche. «Il est vrai que tous les députés du FLN sont mécontents du bilan du gouvernement, mais il reste qu'aucun débat sérieux n'a eu lieu au sein du groupe parlementaire concernant la présentation d'une motion de censure», affirme la vice-présidente du groupe parlementaire, Sabah Bounour. Même si les députés ont, dans le cadre de leurs prérogatives, un devoir de contrôle sur le gouvernement, il est difficile, selon notre interlocutrice, de le destituer au vu des risques. «Il ne faut pas perdre de vue que la décision de désigner ou de mettre fin à la mission d'un gouvernement appartient, en premier lieu, au président de la République.» Un détail à prendre en considération. Or, il est de notoriété publique que le chef de l'Etat a soutenu, le 23 février dernier, M.Ahmed Ouyahia, mettant en exergue «son courage» à prendre des décisions fermes «dans des contextes socio-économiques souvent complexes». La vice-présidente du groupe parlementaire du FLN renvoie les débats et les polémiques autour de la motion de censure aux enjeux de la conjoncture. «Il ne faut pas oublier que c'est du dernier bilan du gouvernement que les députés vont débattre pour ce mandat. Les députés sont comptables devant les citoyens, qui, eux aussi, constatent l'échec de l'actuel gouvernement.» L'ombre des élections législatives planera avec force donc sur les discussions du bilan de politique générale. Dans la foulée, nous avons appris que certains ministres FLN dans l'actuel gouvernement n'ont pas manqué d'exprimer leur «mécontentement», vis-à-vis des intentions des parlementaires. Un autre député FLN, qui a voulu garder l'anonymat, a estimé que cette «polémique» entre dans le cadre de la guéguerre entre les partis, à une année des législatives. «La scène politique déjà fragilisée n'a pas besoin de davantage de déstabilisation.» Ce dernier a écarté la présentation de la motion de censure. Par ailleurs, nous avons entendu un autre son de cloche de la part du chef du groupe parlementaire du FLN, M.Ayachi Daâdoua, qui a démenti l'existence d'une divergence au sein du FLN: «La décision de destituer le gouvernement est irréversible», précise ce dernier. Comment expliquer alors la déclaration du secrétaire général du FLN, M.Abdelaziz Belkhadem, qui a déclaré lors d'une conférence de presse organisée mardi dernier qu'il n'est pas contre le maintien d'Ouyahia? M.Daâdoua en fait une autre lecture, prétextant que «les propos de Belkhadem ont été mal interprétés par la presse» . «Le SG du FLN a fait savoir que la présence du secrétaire général du RND à la tête du gouvernement nous ne dérange pas parce que nous constituons la majorité». Le FLN, première force politique à l'APN, est soutenu par l'opposition. «Nous avons été approchés par El Islah et le PT», souligne notre interlocuteur. Juridiquement, le parti majoritaire a effectivement besoin d'alliés pour faire voter le retrait de confiance au gouvernement sachant que, pour passer, la motion de censure a besoin des 2/3 des voix. Politiquement parlant, l'appui des autres formations à l'APN donne «plus de crédibilité à cette démarche». Le FLN, du moins si on s'en tient à la réaction de M.Daâdoua, est prêt à aller jusqu'au bout et semble en mesurer parfaitement les risques. «Nous allons destituer le gouvernement une deuxième fois si le président décide de reconduire Ouyahia, et nous le ferons autant de fois que cela sera nécessaire. Même si cela conduit à la dissolution de l'APN», soutient M.Daâdoua. Si Ouyahia désire préserver son poste, il «n'a qu'à annuler la présentation du bilan de politique générale». A ce moment précis, «il appartiendra au président de prendre la décision qu'il jugera être juste». Une déclaration qui prend les allures d'un défi lancé au premier magistrat du pays. Cette position ne risque-t-elle pas de confronter le FLN au chef de l'Etat, qui est en plus président d'honneur du parti? «Absolument pas», estime notre interlocuteur. Dans le même volet, l'on souligne que le bureau de l'APN ne s'est pas encore réuni pour fixer la date de la séance plénière. Officiellement, ce retard est dû au «calendrier chargé du président de la chambre basse», mais des sources au sein de l'APN n'ont pas manqué de faire le lien avec «la polémique sur la motion de censure».