Le nouveau responsable soutient qu'il s'attachera à préserver l'indépendance du Conseil national économique et social. C'est au “spectacle” d'un changement en douceur auquel la presse a été conviée hier. En effet, lors de la conférence de presse, le président par intérim du Cnes, M. Djenouhat, a passé le témoin à M. Babès, élu par le bureau du Conseil économique et social (Cnes) à la tête de cette instance. Tout s'est passé très rapidement. Le chef de l'état a désigné M. Babès comme membre du groupe intuitae persona. Ce groupe l' a désigné hier comme son représentant au bureau du Cnes. Le bureau a élu hier à l'unanimité M. Babès président du Cnes. Tout était ficelé à l'avance. Le président de la République a fait son choix. Les élections n'étaient en fait qu'une simple formalité. En un mot, il s'agissait de respecter le choix du chef de l'état. Une partition donc imposée et exécutée machinalement. Dans sa réponse, M. Babès a justifié ce plébiscite ainsi : mon prédécesseur a été également placé à la tête du Cnes de la même manière et conformément aux statuts du Cnes. En réponse aux appréhensions sur l'indépendance du Cnes après la démission de M. Mentouri, le nouveau président du conseil a soutenu qu'il allait préserver l'autonomie du Cnes. “Liberté de ton, de critique. J'ai été mandaté par le chef de l'état pour cela et non pour applaudir aux actions de l'exécutif”, a-t-il laissé entendre. Tentant de balayer du coup toutes les craintes sur la récupération, après la démission de Mentouri, par le pouvoir de cette instance, qui s'était imposée par ces évaluations pertinentes et sans complaisance des politiques publiques. Par ailleurs, il a indiqué que la prochaine session du Cnes était décalée. Elle devait se tenir en mai dernier. Elle a été reportée en raison de la démission de Mentouri. “Elle va se tenir avant le 15 juillet prochain avec le même ordre du jour, prévu initialement : l'examen du rapport de conjoncture du second semestre 2004, le pacte économique et social, le dossier relatif au sport scolaire et universitaire, l'émigration. Et avec la même composante”. Ce qui veut dire que les changements dans la composante vont intervenir après cette session. En effet, conformément aux statuts du Cnes, une bonne partie de la composante doit être renouvelée. Le président de la république et le chef du gouvernement, suivant leur quota, doivent confirmer ou changer les membres du groupe intuitae personna. De même, les organisations patronales et les collectivités locales doivent renouveler leurs représentants. Seules l'Ugta et l'UNPA, a-t-on appris, ont déjà procédé au renouvellement de leurs représentants au Cnes. Il ressort également que le “désigné” à la tête du Cnes présente à première vue de sérieuses références. Secrétaire général au ministère des affaires sociales dans les années 80, ministre de la santé au début des années 90, puis enseignant aux universités de Bordeaux et de Nice, consultant international. La liste est longue. Il semble avoir une vision claire sur l'avenir du Cnes. Il convient d'approfondir ses missions, d'élargir sa fonction d'évaluation des politiques publiques à de la prospective. De manière triviale : que vont manger nos enfants lorsque l'Algérie aura épuisé ses ressources pétrolières ? C'est à ce type de questionnement que s'intéressera, entre autres, le Cnes pour y apporter des réponses. Cet élargissement du champ des compétences du conseil est d'ailleurs vivement suggéré par le vice-président du Cnes, M. Mekidèche. Tant l'Algérie a besoin crûment en ces temps de navigation à vue d'une visibilité à moyen et long terme. N. Ryad