Lundi 15 mai. Dadouaâ Layachi, le président du groupe parlementaire du FLN, rend public un communiqué des plus étranges. Etrange parce qu'il se positionne par anticipation par rapport à la déclaration de politique générale du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, dont la programmation à l'APN n'a même pas été fixée. Etrange également par sa teneur en désapprouvant l'action gouvernementale dont il est pourtant partie prenante. “Les députés du FLN expriment leur désaveu de l'action du gouvernement (…) qui a échoué dans sa mission”, est-il indiqué dans le communiqué. Expliquant qu'“après avoir averti le gouvernement à maintes reprises sur les différentes lacunes et défaillances qui ont empêché la concrétisation des programmes de développement national”, le groupe parlementaire du FLN note que “malgré l'aisance financière, le citoyen n'a pas senti sa répercussion au niveau de son pouvoir d'achat, le chômage persiste, l'économie nationale est victime d'une tentative d'assassinat avec préméditation”. Malgré sa virulence et son ton affirmatif, la déclaration des parlementaires du FLN n'avait pas été prise au sérieux, compte tenu d'une démarche similaire qu'ils avaient adoptée en 2005 et qui n'avait pas fait long feu. Mardi 16 mai. Soit le lendemain, Dadouaâ Layachi durcit le ton en affirmant initier une motion de censure à l'endroit du gouvernement Ouyahia. “Une motion de censure est prévue à l'endroit du gouvernement et a de très fortes chances d'aboutir”, affirme-t-il en présentant les mêmes arguments : “Quel que soit l'effort que consentira le chef du gouvernement à positiver sa déclaration de politique générale, il demeure que le bilan du gouvernement reste en deçà des attentes citoyennes et est négatif par anticipation.” Dans les faits, la motion de censure pouvait être adoptée par le seul groupe parlementaire du FLN qui compte 203 députés sur les 389 que comprend l'assemblée nationale. Mais, dans l'objectif de parer à toute éventualité, Dadouaâ, décidé “à faire tomber le gouvernement Ouyahia”, entame des consultations avec les autres groupes parlementaires. Jeudi 18 mai. Dadouaâ annonce l'adhésion de cinq groupes parlementaires à l'assemblée nationale à la motion de censure contre le gouvernement. “je ne suis plus le représentant des députés du FLN, mais plutôt le représentant de cinq groupes parlementaires : le MSP, le MRN, le FLN, les indépendants et le PT qui cautionnent l'impératif de faire tomber le gouvernement”, dit-il. Dadouaâ, qui jurait d'avoir la tête du gouvernement Ouyahia, a trouvé la parade dans le cas où la déclaration de politique générale viendrait à être annulée. “s'il n'y a pas de déclaration de politique générale, cela ne nous empêchera pas de faire tomber le gouvernement à l'issue d'une interpellation sur l'exécution du programme du président !”, a-t-il affirmé. La perspective d'une interpellation du gouvernement est, en fait, intervenue suite à la décision “irréversible” d'empêcher Ouyahia d'aller à l'assemblée nationale. “il ne viendra pas à l'APN !” avait affirmé catégorique une source crédible, ce jour-là. Comment empêcher Ouyahia d'aller à l'APN ? “En décidant de ne pas programmer la déclaration de politique générale lors de la réunion du bureau de l'assemblée nationale !” expliquera la même source. Samedi 20 mai. Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général (SG) du FLN, prend le relais du groupe parlementaire de son parti dans son offensive contre Ouyahia. À l'hôtel Hilton où il a réuni le conseil de coordination de son parti (constitué des ministres et des cadres FLN), il déclare : “nous ne souhaitons pas une déclaration de politique générale du chef du gouvernement à l'APN !” Arguant que “le contexte actuel n'est pas propice pour ce faire”. Toutefois, la campagne contre le gouvernement Ouyahia a commencé bien avant le mois de mai. Plus précisément le 8 octobre 2005. Lors d'une réunion du comité exécutif du FLN, tenue au siège du parti sous la présidence de Belkhadem, il a été décidé l'institution d'une commission de révision de la constitution, mais aussi l'installation de onze groupes de travail (la santé, l'économie, l'éducation, l'hydraulique, les travaux publics…) destinés à évaluer le travail du gouvernement. Nadia Mellal