La République du Kenya et la République arabe sahraouie démocratique ont annoncé, hier, dans un communiqué conjoint, depuis Nairobi, l'établissement des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs entre les deux pays. Les ministres des Affaires étrangères kenyan et sahraoui, MM. Ali Mwakwer et Salem Ould Salek, ont signé et réitéré leur “adhésion aux principes de la Charte des Nations unies et de l'acte constitutif de l'Union africaine”. La reconnaissance de la République sahraouie par le Kenya, un pays qui a joué un rôle pour la libération du continent et qui apporte, aujourd'hui, sa contribution pour le rétablissement de la paix et de la stabilité en Afrique, se veut un message fort en direction de la communauté internationale. Elle intervient au moment où les Nations unies, face à l'intransigeance marocaine, font preuve d'hésitation, tardant à appliquer leurs résolutions relatives à la décolonisation du Sahara occidental et à l'organisation, par la Minurso, du référendum d'autodétermination. Les dernières informations font état de l'appel, ce jeudi, de 104 eurodéputés au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Ils lui demandent de “faire pression sur le Maroc pour arrêter immédiatement sa répression des civils” sahraouis. La lettre en question, envoyée par Mme Karen Scheele, présidente de l'intergroupe “Paix pour le peuple sahraoui” et signée par les 104 eurodéputés, révèle que “depuis le 21 mai 2005, des manifestations pacifiques ont eu lieu dans le Sahara occidental réclamant l'application des résolutions de l'ONU en tant qu'unique solution” au conflit maroco-sahraoui, en dénonçant la “répression brutale, violant ainsi les principes les plus fondamentaux du droit de manifester et de la liberté d'expression”. “À ce moment, le nombre de victimes a dépassé 300 personnes blessées, certaines d'entre elles souffrant de blessures très graves, luttant pour rester en vie et auxquelles on a nié toute aide médicale dans les hôpitaux, 85 détenues et plus de 30 personnes disparues. En outre, des familles entières sont harcelées dans leur propre maison. Pis, le territoire est complètement isolé des médias”, ont précisé les signataires. Ces derniers demandent alors à M. Annan de s'assurer de l'ouverture du territoire aux médias, aux observateurs internationaux permanents et aux organisations des droits de l'homme, et de constituer “une commission internationale d'enquête pour s'enquérir des abus marocains des droits humains dans le territoire occupé”. Hafida Ameyar