“Je n'aurais jamais pensé autant de chaleur, de sincérité. C'est magnifique ! Cette ovation prouve que les gens n'ont pas de rancœur !”, dira le ministre français de la Culture. “Chirac ! Chirac !” Ce sont des centaines de voix qui fusaient de toute part, tout au long de l'avenue Larbi-Tébessi (ex-Loubet). Une foule bigarrée et euphorique qui n'a cessé d'acclamer le président Chirac, accompagné de son épouse et du président Bouteflika. Les deux chefs d'Etat sont arrivés auparavant dans une décapotable. En mettant pied à terre, à la place des Victoires, le président français s'est vu offrir symboliquement les clés de la ville d'Oran. Côte à côte, les deux présidents ont alors emprunté à pied l'avenue Larbi-Tébessi où des centaines d'Oranais étaient massés pour surtout voir le président français et tenter coûte que coûte de lui serrer la main. Des dizaines de troupes folkloriques venues de toutes les régions du pays et qui, depuis très tôt le matin, n'ont cessé de faire le spectacle redoublé à cet instant. Les chevaux des fantasias et les coups de baroud ont littéralement créé une atmosphère unique qui n'a jamais eu lieu pour tout autre visite présidentielle. Beaucoup de jeunes, des enfants, des femmes, le drapeau tricolore à la main, scandaient : “Chirac ! Chirac !” Perchés sur les platanes, des jeunes jouaient aux équilibristes. Parfois, l'on entendait “el-visa”. Des confettis et des fleurs sont lancés en direction du président et de son épouse qui, elle aussi, serre des mains. Visiblement impressionné et touché par tous ces appels, Chirac ne cessera d'aller à la rencontre des Oranais, parcourant de part et d'autre l'avenue, serrant des mains, saluant à tout-va les habitants massés également sur les balcons et les toits des immeubles. Tout autour des deux chefs d'Etat, c'est la bousculade ; les journalistes et les photographes, particulièrement les Algériens, sont malmenés. Les services de sécurité tendront une corde pour établir un cordon de sécurité. Chirac et Bouteflika feront une halte devant une chorale d'enfants chantant dans les deux langues. Il leur faudra près d'une heure pour parvenir à parcourir l'avenue Larbi-Tébessi. Arrivés au Front de Mer, ce sont les navires du port qui salueront à coups de sirène les chefs d'Etat qui assisteront, alors, à un lâcher de ballons, flottant avec les drapeaux des deux pays. Côte à côte, Khalida Toumi et le ministre français de la Culture, M. Aillagon. Celui-ci nous fait part de sa réaction : “Je suis émerveillé par cet accueil inimaginable qui nous est fait. Je n'aurais jamais pensé autant de chaleur, de sincérité. C'est magnifique ! Cette ovation prouve que les gens n'ont pas de rancœur !” Mêmes émerveillement et étonnement sur le visage du ministre De Villepin. Quant à Khalida Toumi, elle dira au milieu du brouhaha : “En voyant cet accueil des Oranais, je suis fière d'être Algérienne.” En fait, ce fut véritablement un triomphe et une ovation pour le président Chirac. Une ovation qui prend plus d'ampleur, à voir combien la présence à ses côtés du président Bouteflika n'aura pas déchaîné autant de passion. Regagnant le véhicule, le cortège présidentiel empruntera alors le Front de Mer pour se rendre ensuite au Centre culturel français où sera présentée, entre autres, une maquette du futur consulat de France à Oran. F. B.