Le parti de Sadi estime que le tabou et la langue de bois ont privé une fois de plus les deux pays d'une nouvelle ambition. Le RCD a sévèrement commenté la visite du président français en Algérie, soulignant que l'objectif initial du séjour de Jacques Chirac est loin d'être atteint. Une fois de plus, le tabou et la langue de bois ont privé l'Algérie et la France d'une nouvelle ambition, affirme le RCD. Réussie pour la partie française, cette visite révèle au grand jour “la faillite d'un régime dont la jeunesse algérienne, acculée à demander des visas pour survivre, est l'un des signes les plus tragiques”, a estimé, hier, le RCD, à l'issue d'une réunion de son comité exécutif. Lors des apparitions publiques de Jacques Chirac, aussi bien à Alger qu'à Oran, de nombreux jeunes Algériens ont réclamé des visas au président français La visite de M. Chirac n'a pas dépassé l'expression d' “une décharge émotionnelle” alors qu'elle était pourtant inscrite dans “la perspective d'une refondation” des relations algéro-françaises, a encore estimé le parti de Sadi. Pour preuve, le RCD considère que le bilan de cette visite, préparée dans les plus grands soins par les autorités, se réduit à de simples “déclarations d'intentions” qui ne peuvent se substituer à “une politique audacieuse qui aurait pu installer les deux pays dans un partenariat novateur, décomplexé et performant”. “L'instabilité institutionnelle et le déficit de légitimité du pouvoir algérien, s'ils expliquent la prudence (de la France) dans les engagements économiques, ne peuvent justifier la frilosité politique de la partie française sur les dossiers sensibles qui ont, par ailleurs, largement maturé dans l'opinion algérienne”, affirme encore le RCD. Le RCD reproche surtout au gouvernement français d'avoir fait l'impasse sur les atteintes aux droits de l'homme en Algérie, notamment la répression en Kabylie, les remises en cause des libertés publiques, mais également d'avoir ignoré l'opposition algérienne. Il est vrai que lors de ses multiples interventions au cours de sa visite, Jacques Chirac s'est gardé d'évoquer les sujets qui fâchent. Même lorsqu'il a été interrogé sur la crise en Kabylie à l'occasion d'une rencontre avec la presse, le chef d'Etat français s'est abstenu de livrer sa position. En adoptant une telle attitude, le gouvernement français prend option pour “un conservatisme régressif et démagogique qui a vécu, aussi, de la manipulation cynique des relations entre les deux pays”, accuse le RCD. Outre la visite du président français, le RCD a également évoqué, au cours de la réunion de son exécutif, la grève générale de l'UGTA qui avait paralysé le pays les 25 et 26 février. Pour lui, les contacts enregistrés entre les différentes instances syndicales à l'occasion de ce mouvement sont “un gage d'efficacité” dans les luttes sociales et “un apport utile” pour la protection des libertés démocratiques, toujours menacées. Le RCD fait remarquer que ces luttes surviennent dans une période préélectorale, propice aux “manipulations” et autre “autoritarisme” où les différentes “clientèles” du régime s'affrontent autour de la rente, déstabilisant une scène politique largement perturbée par les velléités présidentielles qui ont privé l'Algérie d'une avancée substantielle en matière de réformes. Le RCD a également évalué les récentes activités du parti, notamment les 22 conférences publiques organisées depuis début février dans différentes régions. Ces rencontres ont montré, une fois de plus, “la disponibilité citoyenne pour un engagement solidaire en faveur d'une alternative démocratique, mobilisant la majorité patriotique jusque-là réduite à la résistance citoyenne”, souligne le parti de Sadi. Ces conférences ont également permis au RCD de “vérifier que la crise sociale et les abus d'autorité n'ont pas entamé un potentiel républicain latent, capable de dépasser l'impasse islamo conservatrice dans laquelle a été enfermée la Nation”. Au plan international, le RCD considère que la neutralisation d'un “tyran” (NDLR Saddam Hussein), peut se faire par des voies et moyens respectant le droit international et préservant les vies humaines. R. B.