“Ces trois dernières années, nous avons donné une nouvelle vigueur à notre relation. Notre dialogue politique s'est enrichi. Nous avons multiplié visites officielles et rencontres informelles. Nous avons renforcé nos échanges (…). Nos échanges représentent aujourd'hui près du double de ce qu'ils étaient en 1999.” Devant les parlementaires réunis lundi dernier au Palais des nations, le chef de l'Etat français a ponctué son discours d'autant d'affirmations qui reconnaissent à Bouteflika le mérite d'avoir ressoudé les liens algéro-français, depuis son accession à la magistrature suprême. “Il y a bientôt trois ans, votre visite d'Etat en France, Monsieur le président de la République, a ouvert une nouvelle ère”, lui a-t-il signifié presque reconnaissant. Dans d'autres assertions, Jacques Chirac assure son homologue du soutien de la France à ses programmes de réformes et de relance économique. “Le président Bouteflika a engagé, il y a maintenant plus d'un an, un vaste programme de relance économique. Je tiens à vous assurer de notre entière disponibilité (…). Vous pouvez compter sur le plein soutien de la France et de l'Union européenne dans vos efforts en faveur des réformes”, a-t-il par ailleurs promis. Ce quitus de l'Etat français, tout ce volontarisme dont il se fait le porte-voix, Chirac les assortit d'un sentiment de grand optimisme. “Nous avons confiance en l'avenir de l'Algérie, comme le montre la signature en décembre dernier d'un accord de conversion de dette en investissements privés ou la création prochaine d'une Ecole supérieure des affaires”, a-t-il soutenu. Le locataire de l'Elysée a, par la même occasion, évoqué la signature prochaine d'un traité de paix et d'amitié à l'image de celui conclu avec le voisin allemand. Sans doute, pour ne pas être accusé de faire dans la langue de bois, il a, aussitôt de retour à Paris, joint ses paroles aux actes en demandant au gouvernement d'assurer le suivi de sa visite et annoncé la convocation avant l'été d'un Conseil des ministres restreint consacré à la question. Côté algérien, de telles décisions confortent bien évidemment le soutien dont les autorités sont destinataires. Elles pourraient, au-delà des simples professions de foi, les brandir comme une caution franche et confirmée à leur démarche politique. Bouteflika qui désire prolonger sa présence à la tête de l'Etat s'en servira certainement pour redorer son blason et accroître ses chances dans la perspective de la présidentielle de 2004. Dans sa quête de soutiens internationaux, l'appui de l'Elysée est primordial. A quel prix cependant ? Le lâchage des Sahraouis est, croit-on savoir, la condition de cette caution. Vrai ou faux. En tout cas, Il est à noter que le chef de l'Etat a choisi le moment de la visite de son homologue pour se lancer publiquement dans la course pour l'échéance de 2004. En effet, dans un entretien à Europe 1 diffusé mardi, il s'est, pour la première fois, prononcé sur la question, en n'excluant pas sa candidature pour un second mandat. La coïncidence n'est pas fortuite. Enthousiasmé par les éloges de Chirac, le candidat du consensus se croit déjà bien parti pour le sprint final. S. L.