Le drame s'est produit en quelques secondes. C'est un des réacteurs qui, en prenant feu, a provoqué la catastrophe. Jeudi 6 mars. Bientôt 15 heures. Tout est prêt pour le vol AH 6289 en direction de Ghardaïa d'abord et pour la capitale ensuite. Les voyageurs sont à bord du Boeing 737-200 d'Air Algérie qui se prépare au décollage. L'appareil est arrivé d'Alger en fin de matinée. Rien ne laisse présager le drame qui se produira dans quelques minutes, immédiatement après que l'avion se sera arraché à la piste de l'aérodrome d'Agenar. Film du crash. Moins de trente secondes avant la catastrophe, une communication sous forme d'avertissement, venant du cockpit signale l'existence d'un problème sur un des moteurs. C'est là, assure notre source, l'ultime message diffusé par les membres de l'équipage avant de périr avec les 97 voyageurs. Selon les mêmes sources le bruit assourdissant qui venait d'un des réacteurs de l'appareil a été signalé. Quelques secondes plus tard, l'avion a planté son nez dans le sol, à environ 200 mètres de la piste, avant de prendre feu. Le souffle a propulsé l'appareil à des dizaines de mètres du lieu du drame. L'avion a été dévoré par les flammes en raison du plein des réservoirs qu'il venait de faire, auquel il faut ajouter la vitesse de la chute, le tout a précipité le drame, ne laissant aucune chance à une éventuelle opération de sauvetage. Dans le domaine de l'aviation, on dit qu'il y a un résidu de kérosène non consommé au moment du ronflement des réacteurs qui pourrait créer des dégâts allant jusqu'à l'explosion. Mais ce cas de figure se produit rarement. Exceptionnel même. Que s'est-il donc passé jeudi après-midi à Tamanrasset ? C'est la commission d'enquête, installée juste après le crash, qui déterminera les conditions et les raisons de ce tragique événement (voir encadré). La première boîte noire a été retrouvée jeudi soir, les recherches intensives ont abouti à la récupération de la deuxième également. Ces deux boîtes permettront de situer les défaillances mécaniques. Selon notre source, l'appareil qui s'est écrasé avant-hier n'avait pas eu de problème ces derniers jours. Les moteurs sont systématiquement changés après chaque 1 000 heures de vol en application de la réglementation internationale codifiant l'aviation civile que l'Algérie a ratifiée. Ce qui est, par ailleurs, certain c'est le fait que l'avion en question est un vieil appareil ayant près de vingt ans de travail. Il est usé à l'instar d'autres avions qui sont toujours en circulation. La compagnie nationale a procédé, il y a quelque temps, au renouvellement d'une partie de sa flotte en achetant 12 avions de type Boeing 373-600 et 373-800 dont une grande partie est réservée aux lignes internationales. Ce crash relance le débat sur la nécessité de changement des moyens de transport pour assurer à l'avenir la sécurité des voyageurs. M. A. O. Les victimes Sur les 102 voyageurs qui ont péri, il y a six retraités français, le septième qui devait prendre le même vol a eu un grand retard et n'a pu embarquer. Une équipe de football de 16 joueurs du quartier Adryan (Tamanrasset) fait partie des victimes. La plupart des voyageurs étaient de Ouargla, Ghardaïa, de Oued Souf et de la capitale du sud algérien. 56 victimes sont de Tamanrasset. Des membres de l'Assemblée nationale, un vice-président, un chef de groupe parlementaire d'une importante formation et un député, partis présenter leurs condoléances à un collègue suite au décès d'un proche à lui, devaient être du voyage. Ils ont été retenus par leur collègue qui leur a demandé de rester un peu de temps avec lui et lui tenir compagnie dans les moments de douleur qu'il traverse actuellement. Le copilote de l'avion qui s'est écrasé est une femme. C'est la sœur d'un ancien ministre des Affaires étrangères, ministre de l'énergie et actuellement ambassadeur dans une capitale de l'Amérique du Nord. Le seul rescapé a été évacué, hier matin, à l'hôpital de Aïn Naâdja. C'est un militaire en permission. M. A. O.