Il est évident qu'une vie humaine ne saurait avoir une juste contrepartie financière et que la fixation d'une indemnité est un acte d'une délicatesse et d'une difficulté extrêmes. Ce sont les grandes épreuves qui confèrent au concept de solidarité son vrai sens et son expression concrète. Et en fait de grande épreuve, celle que subissent, après le drame aérien de jeudi, des dizaines de familles n'est pas des moindres. C'est ainsi qu'au-delà du système de rumeurs, de conjectures et autres extrapolations qui a pris naissance aussitôt après la catastrophe et s'est développé comme il en est inévitablement en pareilles circonstances, c'est à la douleur des parents des victimes que l'Etat se devait de porter remède. En toute priorité. Il était donc logique que, mettant momentanément un terme à une gestion des affaires du pays dominée par l'approche politicienne, lourdement grevée par l'activisme et l'inaptitude à prendre à bras-le-corps les problèmes majeurs qui condamnent le pays à un recul sur de nombreux fronts, le Chef du gouvernement appelle ses ministres à remettre en œuvre les mécanismes de la solidarité nationale. Cet élément, au demeurant partie intégrante des valeurs les mieux ancrées de la société algérienne, n'était pas à inventer. Il s'est manifesté spontanément par le passé en réplique à des drames collectifs. Le souvenir de la tragédie de Bab El-Oued est encore présent dans les esprits qui a vu se créer, en quelques minutes, un vaste élan d'entraide dont on reconnaît qu'il a largement précédé l'intervention des autorités. La lecture du communiqué rendu public par les services du Chef du gouvernement, au terme de la réunion interministérielle consacrée au crash de Tamanrasset, révèle une volonté résolue d'alléger, autant que faire se peut, le malheur des familles. Il est évident qu'une vie humaine ne saurait avoir une juste contrepartie financière et que la fixation d'une indemnité est un acte d'une délicatesse et d'une difficulté extrêmes. Ce n'est donc pas par référence au montant décidé par le Conseil des ministres qu'on peut juger de la qualité de l'action de soutien et d'assistance conduite par ce dernier en direction des familles des victimes. Ce qui, en revanche, est à noter, c'est la somme d'instructions adressées aux compagnies d'assurances, aux walis et aux responsables des structures locales d'Air Algérie pour épargner à des ayants droit, aussi durement éprouvés, les tracasseries administratives induites par ce genre de situation. M. A.