Hormis les auspices sous l'égide du ministère de la Solidarité, il n'existe pas d'autres structures d'accueil et de soins. La gériatrie est une spécialité médicale méconnue chez-nous ! Le ministre de la Solidarité nationale et de l'Emploi va bientôt présenter une loi sur la protection des personnes âgées. C'est du moins ce que révèle M. Nouri El Hachemi, directeur des établissements spécialisés. Il compare ce texte à celui convenu en faveur des enfants par le département de la Justice. Car, selon lui, les vieillards ont également besoin d'aide et d'assistance. En 1999, un comité national était mis en place, regroupant des représentants des ministères de la Solidarité, de la Justice, de la Santé, du travail, de l'Habitat… Son rôle consiste à élaborer une stratégie nationale visant la prise en charge des individus du troisième âge. Sensibilisés au phénomène de vieillissement de la population, les pouvoirs publics essayent de se préparer. Mais ils tâtonnent. Par manque d'informations mais surtout par absence de volonté. Comment faire face à l'émergence de contingents de vieux de plus en plus importants ? Actuellement, l'unique département en charge de cette catégorie est celui de la solidarité nationale. Toutefois, ses missions se limitent à l'hébergement des vieillards sans domicile. 253 centres sont implantés dans 23 wilayas du pays. Leurs locataires comptent aussi des impotents. Créés en vertu du décret 80/82 du 15 mars 1980, les foyers pour personnes âgées ou (et) handicapées (FPAH) ont été rendus nécessaires suite à l'augmentation du nombre des errants dans les rues des grandes villes, notamment parmi la population du troisième âge. Aujourd'hui, 2 123 pensionnaires sont recensés. Bien qu'ayant des besoins différents, en matière de prise en charge médicale, d'accompagnement psychologique, de restauration et de loisirs, les plus âgés sont contraints de cohabiter avec les plus jeunes. Quelques fois, cette coexistence est risquée. Surtout quand les centres recèlent des déments parmi les malades mentaux. En principe, les déficients physiques et mentaux doivent être confiés aux services spécialisés relevant du département de la santé. Les personnes âgées réclament également davantage qu'un toit. Il y a quelque temps, l'initiative avait été lancée d'associer le ministère de la Santé à la prise en charge des personnes âgées, à travers le détachement d'un personnel spécialisé dans les auspices. Or, ce projet chapeauté par la chefferie du gouvernement est renvoyé aux calendes grecques. L'encouragement de la gériatrie, en tant que spécialité à part entière, est également négligé. Chez nous, aucun service de ce genre n'existe dans les établissements hospitaliers. À cet égard, les FPAH sont à l'image des mouroirs où des vieillards en fin de vie égrènent leurs derniers jours. Selon M. Nouri, quasiment tous les pensionnaires sont placés par les services de l'ordre qui les ramassent sur la voie publique. Dans les petites villes, les habitants refusent l'implantation des FPAH au motif que chez eux, les vieillards ne sont pas jetés à la rue. Certes, dans notre pays, les liens familiaux sont encore importants. M. Benbella de l'ONS et Ouali de la Direction de la population se montrent rassurants. De son côté, M. Nouri n'a pas connaissance qu'un fils ou une fille a placé ses parents dans un FPAH. “Ceux qui s'en débarrassent préfèrent les mettre à la rue”, précise-t-il toutefois. L'exiguïté du logement, la cherté de la vie et la sénilité sont souvent les prétextes de l'abandon. Le délaissement s'exprime autrement suite au mariage des enfants et leur départ de la maison familiale. De plus en plus de vieux couples vivent seuls. Leur situation est dramatique quand ils sont dans le dénuement. Actuellement, le service d'aide à domicile au profit des personnes âgées n'est pas disponible. Afin de les soutenir matériellement, l'Etat se contente de leur verser une allocation mensuelle de 1 000 DA. Cette pension instituée en 1993 s'élevait à 100 DA. En 2005, 121 000 personnes en ont bénéficié. S. L.