“Le secteur des textiles est malade. La plupart des entreprises ne sont pas banquables. 30 000 salariés sont sous le coup de la menace. Nous demandons à la centrale syndicale de peser de tout son poids pour exiger un débat de fond sur ce problème ; faute de quoi la protestation risque de gagner la rue.” C'est ce qu'a déclaré, hier, à Tizi Ouzou, Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération nationale des textiles. C'était à l'occasion d'une réunion tenue au siège de l'Union de wilaya UGTA pour débattre de la situation difficile que traverse la cotonnière (ex-Cotitex) de Drâa Ben-Khedda. “Les entreprises ne bénéficient que de 30% de leurs recettes. Le dernier salaire du secteur d'activité est celui du textile. Il n'y a plus de formation pour assurer la pérennité de cette industrie. Les pouvoirs publics ne regardent pas vers le secteur d'un œil attentif. On ne peut plus faire du bricolage. C'est une question de survie”, a-t-il ajouté. Revenant à l'objet principal de la séance de travail, le secrétaire général de l'Union de wilaya UGTA a indiqué que la cotonnière de Drâa Ben-Khedda s'achemine vers la mise en chômage de ses travailleurs et le dégraissage des effectifs. “Cette démarche que nous vivons depuis la filiation de l'entreprise nous mène inévitablement vers la fermeture de la CTO”, avertit Bachir Ramdani avant d'ajouter : “Au lieu de chercher des solutions pour un fonctionnement normal de l'entreprise, on récolte l'inverse. Il y a un problème d'approvisionnement en matières premières, faute de capacité de financement qu'il faut régler. (…) Il est regrettable qu'on ne puisse garder en poste que 585 travailleurs”. Selon lui, l'idée de fermeture est déjà arrêtée au niveau de certains paliers. “Nous refusons cette option dans une wilaya où il ne reste que cinq entreprises publiques pour une population de 1,2 million habitants.” Pour la section syndicale UGTA de la CTO, la situation préoccupante dans laquelle se débat l'entreprise est orchestrée par les pouvoirs publics à l'effet de pousser à la fermeture pure et simple en la privant de matières premières depuis sa création en 2001. “L'approvisionnement au compte-gouttes n'est qu'une stratégie de mise à genou du complexe, jetant ainsi à la rue des centaines de travailleurs. Autrement, comment expliquer les atermoiements et les tergiversations des banques quant à l'octroi d'une ligne de crédit maintes fois revendiquée, mais qui tarde à venir. La SGP s'est engagée, le 5 juin 2006, lors d'une réunion regroupant tous les acteurs (SGP, Texmaco, employeurs, syndicat) à défaut d'octroyer une ligne de crédit, de doter l'entreprise de 300 tonnes de coton en attendant que le comité de crédit y siège. Depuis, le comité a siégé, le dossier CTO est accepté (admis), en vain. Les machines agonisent, le chômage plane sur la tête des travailleurs et la misère guette leurs foyers.” À la difficulté de s'approvisionner en matières premières vient se greffer, ajoutent les syndicalistes, le problème du volet social “qui, s'il n'est pas pris totalement en charge par la SGP comme cela a été promis lors de la dernière réunion du 5 juin 2006, aggravera davantage une situation déjà inextricable”. Les syndicalistes déplorent enfin la non-application de la dernière mesure gouvernementale quant au paiement des arriérés de salaire des travailleurs. A. T.