Alors que la résolution du Conseil de sécurité stipule clairement qu'il faut trouver une “solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”, le Maroc limite sa lecture à ce qui l'arrange seulement. Réagissant à la résolution 1720 du Conseil de sécurité des Nations unies, un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères rendu public hier indique que le Maroc se félicite de l'adoption de ce nouveau texte en occultant la partie faisant référence à l'autodétermination du peuple sahraoui. En effet, la déclaration du département de Mohamed Benaïssa limite sa lecture à la partie qui arrange ses desseins et exprime sa satisfaction en estimant que cela “conforte pleinement l'approche soutenue par le Maroc d'une solution politique définitive, à même de favoriser la paix, la stabilité et le développement dans la région du Maghreb”. Critiqué pour ses échecs successifs sur le plan diplomatie par sa propre presse, qui a qualifié de “diplomatie des bisous”, le travail fait dans ce cadre par le ministère marocain des Affaires étrangères, le royaume alaouite essaie de noyer le poisson avec cette proposition d'autonomie, qui reste au stade du “mirage”, comme l'a déclaré le chef de la diplomatie algérienne à Madrid. À l'issue de ses entretiens avec son homologue ibérique, Mohamed Bedjaoui a affirmé à ce sujet “pour l'instant ce plan est un mirage” et que la seule solution pour régler ce conflit demeure le “référendum” sur l'autodétermination sahraouie prévu dans le cadre de l'ONU. Il est clair que Rabat se voile la face et refuse d'admettre la réalité contenue dans la résolution, qui pourtant ne laisse planer aucun doute que l'objectif recherché à travers la relance du processus de négociation est “l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies”. Ainsi, le royaume alaouite persiste dans sa fuite en avant en rejetant l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental, qui demeure toujours le but le la mise en place de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Le Maroc fait abstraction de cela et interprète à son avantage le fait que la résolution onusienne consacre la volonté de la communauté internationale d'insuffler une dynamique nouvelle, résolument orientée vers l'avenir, au processus de règlement de ce différend, en affirmant qu'il écarte par la même occasion les propositions antérieures dont le caractère caduc est définitivement établi, ajoute la même source. C'est loin d'être le cas parce que dans le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, il est écrit noir sur blanc que “M. Van Walsum a souligné par ailleurs que les négociations qu'il envisageait auraient un seul objectif approuvé par le Conseil de sécurité : parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui”. Quant à l'éventuelle participation de l'Algérie et de la Mauritanie à des pourparlers directs entre le Front Polisario et le royaume du Maroc, Kofi Annan estime que “les pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie, devraient être également invités à ces pourparlers. Ils seraient consultés séparément sur les questions qui les touchent directement”. Il n'est pas question d'une participation directe, en tant que parties concernées par le conflit comme veut le faire croire le Makhzen, mais d'une consultation qui pourrait contribuer à trouver une solution définitive. La résolution demande surtout aux Etats de la région d'une manière générale de continuer à coopérer pleinement avec l'ONU “pour mettre fin à l'impasse actuelle et aller de l'avant vers une solution politique”. K. ABDELKAMEL