Il suffit d'asperger la bête pour pouvoir la maîtriser et la traîner dans un camion vers une destination inconnue. Décidément, à Annaba les pirates des grandes plaines n'arrêtent jamais d'inventer “la bonne formule” pour réaliser leurs projets criminels. Ainsi, après les massacres d'abeilles par des pilleurs de miel à l'aide d'insecticides auxquels ont fait l'objet, ces dernières années, des dizaines de ruches dans les région de Berrahal, Oued El Aneb, Tréat et Chetaïbi, aujourd'hui ce sont les pillards de bétail qui ont trouver “le moyen” efficace pour l'accomplissement de leur objectif, à savoir la bombe lacrymogène. C'est ce qu'ont révélé certains éleveurs de ces mêmes régions, dont le cheptel a connu, depuis plus d'une décennie, un pillage systématique et non stop. Selon des éleveurs victimes, les bovins seraient très sensibles aux effets de la bombe lacrymogène. “Il suffit juste de l'asperger, et le bovin est maîtrisable dans les secondes qui suivent.” La bête est alors tirée sans grande difficulté vers un camion de transport stationné juste au bord de la route ou bien elle est tout simplement égorgée, dépecée et puis placée dans un camion-frigo. “Sincèrement, nous avons pensé au début, concernant l'histoire de l'abattage du cheptel, que nous avons affaire à des terroristes qui activent dans les monts de l'Edough, jusqu'au jour où l'un des bergers a repéré un camion-frigo enfoui sous les arbres en train de charger une carcasse de vache”, signalent des éleveurs de la région d'Aïn Abdallah, à une dizaine de kilomètres de Chetaïbi. Pour eux, il est très difficile de procéder à la surveillance des troupeaux, notamment sur le tronçon Oued El Aneb-Chetaïbi-El Azla où les pâturages se comptent sur les doigts d'une seule main, car la forêt occupe la majorité de la superficie de ces communes. “Nous n'avons pas le choix. La forêt demeure l'unique salut pour nous et nous ne pouvons en aucun cas surveiller de près nos bêtes, vu la situation sécuritaire qui prévaut dans ces maquis”, ont-ils ajouté. Aujourd'hui, ces éleveurs dont certains ont été totalement ruinés en raison du pillage de leurs troupeaux, semblent être impuissants face aux multiples filières de brigands spécialisées en la matière, qui ont jeté leur dévolu sur ces régions, déjà meurtries par les actes terroristes. “Nous avons déjà eu affaire à ces pilleurs. Ils sont armés, très dangereux et surtout ne reculent devant rien”, signalent des éleveurs d'El Azla où les patriotes ont arrêté, en hiver 2004, certains membres d'une importante bande de pillards, originaires de plusieurs wilayas du sud/est du pays, armés jusqu'aux dents et qui se faisaient passer pour des terroristes. B. BADIS