Londres veut dissiper sa réputation sulfureuse de capitale du fondamentalisme islamiste où des prédicateurs tels que Abou Qotada ou Abou Hamza ont justifié et cautionné pendant des années à partir de la Grande-Bretagne les attaques terroristes qui se passaient ailleurs dans le monde, ou en Algérie. C'est également à cet exercice de style que s'est livrée la délégation de musulmans britanniques présente à Alger, depuis dimanche, lors d'une conférence- débat, hier, au centre de presse d'El Moudjahid, en compagnie de Andrew Tesoriere, l'ambassadeur du Royaume-Uni en Algérie. Les membres de la délégation ont chacun vanté les mérites du modèle britannique de société multiculturelle où chacun peut vivre sa vie, sa foi et sa croyance. Pour l'ambassadeur, cette visite est “importante”. “Nous aurons l'opportunité de dissiper, si cela existe, les incompréhensions”, précisera-t-il. Il s'agit principalement, pour lui, de dépasser une “certaine barrière d'ignorance”. “La Grande-Bretagne n'est pas le Londonistan. Parler de Londonistan, c'est de l'exagération. En plus, si les britanniques parlent du GSPC ou d'autres groupes minoritaires, qui sont des terroristes et qui ont fait beaucoup de mal, c'est de l'exagération. L'Algérie ne se définit pas au GSPC”, a expliqué Andrew Tesoriere, interrogé à ce sujet. “Je sais que les médias algériens ont souvent parlé des groupes extrémistes à Londres qui ont eu un impact sur l'environnement religieux et politique en Algérie. Mais parler de Londonistan est ridicule. Les extrémistes sont une minorité rejetée par la majorité de la communauté musulmane en Grande-Bretagne. Les individus tels que Abou Qotada représentent une minorité à l'écart”, expliquera de son côté Abdur Rahmane Malik, coéditeur de Q-News, la revue islamique la plus importante en Grande-Bretagne. L'objectif fondamental assigné à la mission étant de “hausser et améliorer la compréhension et les échanges entre les deux pays, les communautés, les religions”. Si par le passé aucune mission de ce genre n'a été réalisée, cela est dû, selon Andrew Tesoriere, aux “changements” survenus en Algérie et au Royaume-Uni. “Dans les deux pays, nous avons témoigné de changements. Il y a eu en Algérie la décennie terrible des années 1990. Aujourd'hui il y a une histoire nouvelle dans l'harmonie et la paix. En Grande-Bretagne, nous avons également connu des changements. Il est tout à fait clair que la politique de mon gouvernement est plus nuancée, plus élaborée face au monde et à la communauté musulmane”, a indiqué l'ambassadeur. Le diplomate espère arriver à des résultats concrets à travers un dialogue constant et un programme de rencontres et de travail. S. S.