Sur place, c'est un spectacle désolant, comme on a l'habitude de le voir à chaque opération du même genre. Entamée la veille du 1er Novembre, l'opération de démolition des 464 logements, lancés par l'entreprise Epsi-El Bordj à Ouled Fayet, s'est poursuivie jusqu'à lundi dernier. Sur place, c'est un spectacle désolant, comme on a l'habitude de voir à chaque opération du même genre. Les autorités locales, d'un côté, supervisant la démolition, et une foule de citoyens, hommes et femmes, n'arrivant pas à contenir leur colère devant l'acharnement du bulldozer sur les dernières carcasses dans un bruit assourdissant et un nuage de poussière, de l'autre. Entre les deux, des éléments du groupe d'intervention de la gendarmerie, équipés en moyens dissuasifs, maintiennent l'ordre et la sécurité. Le P/PAPC d'Ouled Fayet et quelques collaborateurs suivent attentivement les manœuvres de l'engin. À une cinquantaine de mètres, les citoyens nous font signe de nous approcher. “N'écoutez pas ce qu'ils vous disent, ce sont des menteurs”, dit un des protestataires. Gonflés à bloc, ils interviennent tous en même temps pour désigner l'APC, à l'origine de leur malheur. En souscrivant, en effet, au projet des 464 logements dans la formule social participatif (LSP), les souscripteurs ne s'attendaient certainement pas à ce que leurs espoirs allaient, au bout de trois années, fondre comme neige au soleil. Un projet lancé sur les hauteurs de l'autoroute, juste avant le parc les Grands-Vents, en 2003, par le promoteur Mohamed Belkadi, propriétaire de l'EPSI-El Bordj, dont le siège se trouve à Saïd-Hamdine (Bir Mourad Raïs). À l'époque, ces mêmes souscripteurs avaient pris attache avec lui en versant chacun une somme allant de 100 à plus de 150 millions de centimes, en deux tranches. Qu'est-ce qui a motivé donc cette démolition ? Selon le P/APC d'Ouled Fayet, il y a plusieurs raisons. “Ce promoteur n'est en possession d'aucun document officiel lui permettant de réaliser son projet, à savoir l'acte de propriété, le permis de construire et le certificat d'urbanisme. Le terrain appartient aux héritiers Hamza et se trouve sur une zone non urbanisable. De plus, il est actuellement à la disposition de Donnia Park”, explique M. Thamer. Pourquoi alors avoir attendu depuis le lancement effectif des travaux en 2004 pour réagir ? demandons-nous. “Plusieurs mises en demeure ont été adressées au promoteur, lui signifiant l'irrégularité de l'opération ainsi que l'arrêt des travaux, en attendant la décision de justice. Cette dernière n'a été rendue que récemment, ce qui explique sa mise en application, à savoir la démolition assortie d'une amende de 10 000 DA pour chaque jour de retard. Cette décision émane de la cour de Blida qui a statué sur l'affaire”, fait savoir le P/APC qui précise qu'il fallait une procédure judiciaire. Pour les citoyens qui se trouvent entre le marteau et l'enclume, il n'y a rien de tout cela. Le promoteur leur a bien précisés que le terrain, objet du litige, est sa propriété, dont il possède l'acte. Il a été acheté en effet à une héritière de la famille Hamza, comme nous l'a confirmé un parent de cette derrière présent parmi les souscripteurs. On nous refile le numéro de téléphone du promoteur qui accepte l'entretien. M. Belkadi dit que le dossier de ce projet déposé au niveau de l'APC est bel et bien complet. “Pour preuve, j'ai en ma possession le reçu qui confirme que toutes les pièces exigées ont été fournies. Il est vrai que l'acte de propriété n'a pas été remis à temps, mais je soutiens que je l'ai et je le remettrai devant la justice. De toutes les manières, je reste confiant que l'affaire connaîtra dans un très proche avenir un dénouement en faveur de 464 familles injustement spoliées de leur bien. Je tiens à les rassurer également que le ministère de l'Environnement est prêt à procéder au remboursement des démolitions ainsi qu'à l'affectation d'une autre assiette de terrain à El Achour (près du projet saoudien pour lancer ce même projet). Cela dans le pire des cas, car je soutiens que ce terrain sera récupéré”, a-t-il déclaré. Une réponse que certains a laissé sceptiques dans la mesure où le lancement d'un projet peut s'étaler sur plusieurs années. Une période difficilement supportable pour les pères de famille qui ont investi dans ce projet toutes leurs économies. Une dame d'un certain âge s'écrie à la hogra en s'interrogeant où était l'Etat quand le projet a été lancé depuis plus de deux ans. En attendant que cette affaire sentant quelque peu l'arnaque, les souscripteurs comptent constituer une association pour défendre leurs droits. A. F.