Le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, présent à l'ouverture du congrès de la FNTT, a signalé le caractère à la fois “important” et “sensible” de son secteur, justifiant “la priorité” donnée aux transports par l'Etat algérien. “Le président de la République a consacré une enveloppe financière de plus de 1 000 milliards de dinars, dans le cadre du quinquennat 2005-2009. Le secteur des transports constitue un lien direct avec les citoyens”, a déclaré M. Maghlaoui, à l'ouverture des travaux du 2e congrès de la Fédération des travailleurs du transport (FNTT), affiliée à l'UGTA, qui s'est tenu au Complexe des matériaux de construction de Zéralda. Non sans insister également sur “l'importance du dialogue avec le partenaire social”. En marge des travaux, le ministre s'est exprimé sur l'affaire de l'Entreprise de transport urbain d'Alger et ses environs (Etusa), ayant resurgi avec la grève de la faim, entamée en début de semaine par une dizaine de travailleurs, devant le siège central de l'UGTA. Pour le ministre, les licenciements pour des raisons économiques “ne concernent plus” son département. “Le dossier de l'Etusa est fermé et les travailleurs ont eu leurs droits (…) C'est l'information qui m'a été donnée”, s'est défendu M. Maghlaoui, en suggérant aux travailleurs lésés d'user “des moyens légaux”, y compris le recours à la justice. Le ministre a aussi conseillé aux membres du syndicat autonome de l'entreprise de la navigation aérienne Enna, qui dénoncent les “dépassements“ dans la gestion des marchés publics et ceux des services de gardiennage et qui sont soutenus par l'Association algérienne pour la lutte contre la corruption (AACC), membre de l'ONG Transparency International, de “saisir la justice”. Interrogé sur le cas de l'Etusa, le secrétaire national chargé des conflits sociaux, M. Bouzidi, a précisé que celui-ci “dont le problème des grévistes de la faim, sera réglé la semaine prochaine”, en mettant en avant “l'engagement du ministre de tutelle”. De son côté, le secrétaire chargé de l'organique, M. Djenouhat, s'est voulu rassurant envers la centaine de salariés licenciés qui n'ont pas joui de leurs droits. “Nous avons eu hier (lundi, ndlr) un accord avec l'administration de l'Etusa, pour la régularisation sans condition des travailleurs détenteurs de décisions de réintégration de la justice. Nous suivons l'affaire Etusa chaque jour”, a annoncé le numéro 2 de la Centrale syndicale. Les travaux du congrès fédéral de l'UGTA se sont tenus hier à huis clos. Durant les pauses-café, des délégués ont reconnu que leur fédération a été “livrée à elle-même” depuis la fin des années 1990, surtout après le départ à l'étranger de la première responsable, Mme Aouedj. Selon eux, cette situation aurait pesé sur “le recul du travail syndical”, alors que les entreprises publiques étaient soumises à la privatisation et à l'assainissement. Même si l'affectation d'Abdelaziz Hamichi, un cadre syndical d'Air Algérie détaché à la FNTT pour gérer les affaires de la fédération, “a réduit un peu l'impact” de celles-ci, indiqueront-ils. Le secteur des transports, pour rappel, est actuellement composé de 25 entreprises et emploie plus de 50 000 salariés. C'est un secteur “stratégique”, tant sur le plan économique que sur le plan social, qui renvoie à la circulation des personnes et des marchandises, à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Aujourd'hui, des avis convergent sur l'existence d'une “crise” du secteur, à la suite de l'extension de ses activités et de l'entrée en force du privé, dans “un contexte de globalisation de l'économie et de retrait du syndicalisme”. Des congressistes ont fait part des “défaillances” en matière d'organisation, de la présence du “travail informel” et de certaines pratiques pour le moins “douteuses”, pour l'obtention particulièrement de lignes de transport ou de marchés publics. D'après Hachemi Benmouhoub, membre de la commission exécutive nationale de l'UGTA et responsable de la formation syndicale, ce “poumon” qu'est le secteur des transports représente “un test” pour son organisation, en termes de “redéploiement“ syndical. M. Benmouhoub a en outre annoncé le lancement de 3 séminaires de formation syndicale, pendant le mois de décembre prochain, avec un centre américain de solidarité avec les travailleurs. “Nous devons procéder à l'état des lieux, après le congrès de la FNTT, afin de mettre en place une stratégie de redéploiement de l'UGTA dans le secteur des transports, qui est en train de se privatiser et qui est déjà affecté par le travail informel”, a-t-il soutenu. H. Ameyar