Les hydrocarbures occupent une place prépondérante dans les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Italie. Le secrétaire d'Etat italien au Commerce extérieur, Mauro Agostini, l'a d'ailleurs rappelé le 31 octobre dernier, lors de sa visite à Alger, en confirmant l'intérêt de Rome au pétrole et au gaz algériens, qu'il a qualifiés de “point fondamental” dans les relations entre les deux pays. Il y a donc fort à parier que la visite “stratégique” en Algérie du président du Conseil italien, Romano Prodi, prévue pour les 14 et 15 novembre prochains, portera sur la consolidation des relations bilatérales, avec une place très particulière au domaine énergétique. Mais, il faut aussi savoir que l'Italie est parmi les Etats qui défendent le principe de la concertation entre les producteurs de gaz et les consommateurs, et qui compte s'investir dans la mise en place d'une “dynamique de marché claire en matière de prix du gaz”, avec l'objectif inavoué d'empêcher les pays producteurs de gaz de réagir en cartel. Le projet Galsi est, à ce propos, révélateur de la vision, de l'Italie et de l'UE, de conditionner les échanges commerciaux à leur politique énergétique. Une vision qui voudrait, selon les termes des responsables italiens, que “producteurs et consommateurs se rapprochent les uns des autres et travaillent dans un cadre pluriel où pourront être discutées les préoccupations de part et d'autre”. Pour les Italiens, le projet Galsi est appelé à s'appuyer “sur la participation d'entreprises des deux pays sur la base d'un premier accord fixant la répartition commerciale de chacune d'entre elles”. Le nouveau gouvernement socialiste de Prodi tient à baliser les contours du “cadre de collaboration”, qui inclut la zone euroméditerranéenne, “où les rapports avec l'Algérie seront intensifiés pour en faire un exemple concret de coopération entre l'Europe et le sud de la Méditerranée”. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont, pour rappel, marqués par un grand déséquilibre : 3,789 milliards de dollars d'exportations algériennes vers l'Italie contre 958 millions de dollars d'exportations italiennes vers l'Algérie. Les Italiens souhaitent aujourd'hui s'engager davantage dans une coopération multisectorielle et s'impliquer dans des secteurs hors hydrocarbures. Dans la réalisation des programmes algériens, dans les domaines financier, des transports et des travaux publics, ainsi que dans le secteur de la PME, à travers l'achat d'entreprises nationales privatisées versées principalement dans les ressources minérales et les matériaux de construction. La visite prochaine de Romano Prodi en Algérie a été précédée par une série de visites des représentants des deux pays, à Alger et à Rome. L'Algérie et l'Italie sont signataires depuis janvier 2003 d'un traité d'amitié de bon voisinage et de coopération, considéré comme le cadre idéal pour le développement d'un partenariat “stratégique, stable et durable”, mais qui n'est pas encore parvenu à imprimer un rythme d'échanges plus important. Les deux pays s'apprêteraient, selon le secrétaire d'Etat italien au Commerce extérieur, à signer prochainement un “mémorandum d'entente”, qui servirait à encadrer toutes les opérations de coopération. Le déplacement de Romano Prodi sera-t-il ce “moment politique et économique très fort dans les relations entre les deux pays ?” Il faut l'espérer. H. Ameyar