Le groupe armé, qui s'apprêtait à stationner le véhicule devant le mur d'enceinte du siège de la sûreté de daïra, n'a pas trompé la vigilance des policiers. Ceux-ci ont ouvert le feu sur le véhicule déjouant ainsi l'attentat. Les éléments de la sûreté de daïra de Tizi Ghennif, située à l'extrême sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, ont réussi, dans la soirée de vendredi passé, à déjouer un attentat à la voiture piégée, qui a visé le nouveau commissariat. Le groupe armé, qui s'apprêtait à stationner le véhicule devant le mur d'enceinte du siège de la sûreté de daïra, comptait finalement sans la vigilance des policiers. En ripostant par des tirs nourris sur le véhicule et sur ses occupants, les policiers ont pu empêcher les terroristes d'arriver à leur dessein. Un tel attentat à l'explosif aurait certainement dévasté le nouveau siège de la sûreté de daïra et les habitations alentour. Cette attaque contre un commissariat confirme la nouvelle stratégie du GSPC qui a décidé de prendre pour cible les sièges de la Sûreté nationale et les brigades de gendarmerie, comme il l'avait signifié dans une récente mise en garde. En effet, dans une déclaration affichée dans certains endroits isolés, notamment dans la wilaya de Boumerdès, et publiée sur son site Internet, le GSPC avait appelé les citoyens à ne pas s'approcher des commissariats et brigades de la gendarmerie qu'il envisageait de prendre pour cible. Le groupe terroriste est d'ailleurs passé à l'action, il y a une quinzaine de jours, en faisant exploser presque simultanément deux véhicules piégés l'un devant le siège de la sûreté urbaine de la ville de Réghaïa et l'autre face au siège de la BMPJ de Dergana causant la mort de 3 citoyens et blessant 23 personnes dont des policiers. La tentative d'attentat qui a visé le commissariat de Tizi Ghennif entre, sans aucun doute, dans le cadre de cette nouvelle orientation que tente de donner le GSPC à son action en investissant dans les opérations par le biais de véhicules piégés. C'est apparemment une manière pour lui de reprendre la bataille du terrorisme urbain dans laquelle il a lamentablement échoué. L'autre enseignement à tirer de cette nouvelle action terroriste est le fait que l'organisation salafiste semble continuer à disposer de moyens logistiques et de technicité qui lui permettent de recourir à un procédé aussi sophistiqué d'attentat, puisque cela nécessite au moins l'existence d'un laboratoire de fabrication de ces engins meurtriers. Y aurait-il un lien entre l'attaque de Tizi Ghennif et les attentats de Réghaïa et Dergana ? Les véhicules piégés, utilisés dans ces opérations, sont-ils sortis du même laboratoire ? Certes, pour le moment l'on ne dispose pas d'éléments d'information allant dans le sens de la confirmation d'une telle hypothèse, mais la distance relativement courte entre les deux régions — une soixantaine de kilomètres tout au plus — laisse facilement croire que les véhicules employés dans ces attentats proviennent d'un même endroit. Par ailleurs, le fait que la tentative d'attentat contre le commissariat de Tizi Ghennif intervienne au moment où les soldats de l'ANP poursuivent leur opération de ratissage dans les maquis de Beggas, c'est-à-dire à quelques encablures seulement de cette ville, fait penser à une action de diversion du groupe terroriste écumant les massifs forestiers et monts de la région. Les troupes de l'ANP en action de recherche depuis plusieurs jours sur les hauteurs de Tizi Ghennif, donnant sur le versant sud sur la région de Lakhdaria, se sont accrochées dans la soirée de mercredi dernier avec les éléments de la phalange El-Farouk du GSPC. Ces derniers avaient pris le soin de miner les chemins menant à leurs refuges afin de freiner l'avancée des militaires. L'on dénombre d'ailleurs, dans un premier bilan, la mort de 7 soldats. Les blessés, eux, sont au nombre de 13 dont quatre grièvement touchés. Les terroristes, qui étaient hors de la zone, auraient, selon toute vraisemblance, fomenté l'attaque du siège de la sûreté urbaine de Tizi Ghennif pour tenter de desserrer l'étau sur leurs acolytes pris dans le piège du ratissage de l'armée. Il faut dire que la région de Tizi Ghennif est située à l'intérieur de la zone d'influence de l'une des plus dures phalanges du GSPC, en l'occurrence El-Farouk, dont le champ d'action couvre une très large bande allant du sud de la wilaya de Tizi Ouzou à l'est de la wilaya de Boumerdès en passant par les localités situées à l'extrême ouest de la wilaya de Bouira, à savoir Omar, Kadiria et Lakhdaria. Les monts situés sur les hauteurs de ces agglomérations constituent toujours un refuge pour les sections de la katibat qui s'est récemment distinguée par plusieurs actions violentes que ce soit dans la zone de Lakhdaria ou à Boghni. H. S.