Fatah, le parti historique de la résistance palestinienne, et Hamas, son rival islamiste, sont tombés d'accord sur le nom du prochain Premier ministre pour prendre la tête d'un cabinet d'union nationale attendu fin novembre. Il s'agit de Mohammad Al-Chbeir, ancien président de l'Université islamique de Gaza, qui s'est déclaré heureux de servir son peuple à une agence de presse internationale. Al-Chbeir, choisi dans une liste de trois personnalités pour sa sagesse, est un sexagénaire bardé de diplômes (pharmacologie à l'université d'Alexandrie en Egypte et doctorat en microbiologie à l'université de Virginie, aux Etats-Unis). Sympathisant de Hamas mais n'ayant jamais appartenu à l'organisation, il a affirmé avoir de la sympathie pour toutes les formations palestiniennes. L'accord entre le Hamas et le Fatah est intervenu après de longues semaines de négociations et d'éprouvantes pressions internationales accompagnées d'une vaste offensive militaire israélienne sous le nom de “pluies d'automne”. De fait, un vrai génocide contre les populations de Gaza. Les territoires palestiniens ont frôlé à plusieurs reprises le chaos, suite au boycottage international imposé par les Etats-Unis depuis l'entrée en fonction du gouvernement de Hamas en mars 2006. Les discussions entre le président palestinien et son gouvernement islamiste étaient dans l'impasse depuis fin juin, alors même que les territoires palestiniens s'enfonçaient dans les luttes armées partisanes sur fond d'opérations israéliennes meurtrières. Bush, prenant fait et cause pour les Israéliens, exigeait de Hamas l'abandon de ses principes fondateurs, notamment en ce qui concerne ses relations avec Israël. Le président de l'Autorité palestinienne devait, quant à lui, mettre en garde son cabinet islamiste contre le non-respect de la position palestinienne sur les négociations avec le voisin israélien. Les détails de l'accord, qui va permettre la levée de l'embargo et donc la reprise des activités dans les territoires palestiniens, ne sont pas révélés mais on peut penser que le président Mahmoud Abbas est finalement parvenu à briser la rigidité des islamistes quant aux questions de la reconnaissance d'Israël et des accords israélo-palestiniens passés. Les pourparlers devaient porter, hier, sur la structure et la forme de ce gouvernement d'union nationale, le nombre de ministères et les portefeuilles qui seront distribués aux divers mouvements palestiniens favorables à ce consensus. Les discussions se sont déroulées au bureau de Haniyeh, l'ex-chef de gouvernement Hamas, et la délégation du Fatah dirigée par Ahmed Qoreï, conseiller du président Abbas. “Nous allons former un gouvernement d'union nationale qui sera capable de mettre fin au blocus économique”, a assuré Qoreï, qui avait été le premier chef de gouvernement de Arafat. Après l'accord avec Abbas, Hamas a accepté la proposition arabe prévoyant la tenue d'une conférence de paix internationale avec Israël. C'est la première fois que les islamistes palestiniens se montrent prêts à discuter avec l'Etat hébreu. La proposition d'une conférence de paix internationale avec Israël a été faite par les ministres arabes des Affaires étrangères qui étaient réunis au siège de la Ligue arabe dans la capitale égyptienne. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a affirmé, depuis New York où il devait rencontrer le président Bush, dans une interview publiée hier par un journal palestinien, qu'il était prêt à discuter avec un gouvernement palestinien d'union incluant le Hamas si le mouvement islamiste se plie aux exigences de la communauté internationale. D. Bouatta