La poursuite du boycott international crée un malaise au sein du cabinet palestinien alors que Abbas et le Hamas divergent sur le plan américain. La mise en place du cabinet d'union nationale n'a en rien changé la situation prévalant dans les territoires occupés, laquelle se détériore de jour en jour à cause du maintien par la communauté internationale du boycott du gouvernement palestinien dirigé par le Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas. En fait, les conditions qui sont celles aujourd'hui des territoires palestiniens occupés sont intenables, et mettent en péril le fragile gouvernement d'union nationale menacé, d'autre part, par une nouvelle épreuve de force qui se profile à l'horizon entre le Hamas et le président Abbas dont les positions sont aux antipodes les uns des autres à propos du «nouveau» plan américain. Concernant le maintien du boycott, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ziad Abou Amr, a averti, hier, après une rencontre du chef de la diplomatie slovène, Dimitri Rupel, avec le président Abbas, que le cabinet d'union ne survivra pas «à la poursuite du boycott» indiquant: «Nous demandons au monde de lever le siège car son maintien sonnera sans aucun doute la fin du gouvernement d'union nationale». En dépit de la formation du cabinet d'union et l'acceptation de toutes les demandes formulées par la communauté internationale, «les aides économiques n'ont pas repris jusqu'à présent, le siège se poursuit et nous n'avons pas atteint ce que nous souhaitions», a regretté M.Abou Amr. Toutefois, les Etats-Unis et l'Union européenne, maintiendront l'embargo sur l'aide aux Palestiniens, tant que le Hamas, qu'ils considèrent comme une organisation terroriste, n'ait pas reconnu «l'existence d'Israël» et ne «renoncera pas à la violence». Il semble difficile pour les Palestiniens de dépasser cet impondérable lorsque la «communauté internationale» exige d'eux qu'ils renoncent à leur droit à la résistance à l'occupation étrangère et à ériger leur Etat indépendant. L'autre point qui menace d'avoir des retombées négatives à terme, reste la démission (rejetée par le Premier ministre Ismaïl Haniyeh) du ministre de l'Intérieur, Hani Al-Qawasmeh (indépendant), qui estime être bloqué dans sa mission de remise en ordre des services de sécurité palestiniens qui, pléthoriques et désorganisés, ont créé plus de problèmes qu'assurer la sécurité de la population. Dans une déclaration faite, hier, le vice-Premier ministre palestinien Azzam Al-Ahmad (Fatah) a indiqué qu'il «n'existait pas de crise» avec le ministre de l'Intérieur. Recevant M.Al-Qawasmeh, le président Abbas a demandé à ce dernier «d'appliquer rapidement» un plan de sécurité, voté par le cabinet, à la mi-avril, pour tenter de ramener l'ordre dans les territoires palestiniens. «Il n'existe pas de crise avec le ministre de l'Intérieur (...) Le président lui a réaffirmé son soutien et lui a demandé de mettre en oeuvre tous les moyens pour appliquer le plan de sécurité, maintenir l'ordre et la loi», a ainsi affirmé Azzam Al-Ahmad. «Il lui a demandé de commencer à appliquer rapidement le plan», a ajouté le représentant du Fatah. Toutefois, c'est le nouveau plan américain, qui menace de clash le gouvernement d'union nationale fragilisé autant par le maintien de l'embargo international que par les difficultés éprouvées à rétablir la sécurité dans les territoires, au moment où les groupes de résistance menacent de rompre la trêve qui tient depuis le mois de novembre. Le plan américain divise, d'ores et déjà, le président Abbas et le Hamas, Abou Mazen, soutenant fermement cet énième mouture censée établir les conditions de sécurité nécessaires à la reprise du processus de paix, au moment où le Hamas s'y oppose totalement. De fait, dans un message au Premier ministre israélien, Ehud Olmert, le président Abbas appelle Israël à «répondre favorablement». «Nous estimons qu'il existe (dans ce plan) des étapes importantes pour stabiliser la sécurité et faire cesser la souffrance de notre peuple. Nous demandons à Israël de répondre favorablement à ce plan», a affirmé M.Abbas au cours d'une réunion, lundi à Ghaza, de son parti, le Fatah. Le plan fixe un calendrier de mesures facilitant la circulation des Palestiniens et de leurs biens en échange d'un plan d'action des forces de sécurité relevant du Fatah pour faire cesser les tirs de roquettes contre Israël et la contrebande d'armes en provenance d'Egypte. Le point de vue de Hamas est différent qui rejette, globalement et dans le détail, l'initiative américaine. Le porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi Barhoum, a mis en garde de manière à peine voilée, M.Abbas en indiquant que, le «président doit réunir les factions palestiniennes et ne pas décider de quoi que ce soit sans accord». D'autant plus, que le plan américain qui ne comprend, selon Washington, que des «idées» et des «suggestions», impose des concessions aux Palestiniens sans contrepartie israélienne. «Ce plan ne parle pas des droits du peuple palestinien ni de ses souffrances (...) mais (de mesures) d'allègement en échange de l'arrêt de la résistance», selon M.Barhoum, sans doute en rapport avec la demande d'arrêt des tirs de roquettes. Pour sa part, Israël prend son temps et n'a toujours pas commenté l'initiative américaine. Un porte-parole de la présidence du conseil israélien s'est contenté d'indiquer que «ces idées sont actuellement étudiées et nous nous mettrons d'accord sur notre position bientôt. Toutefois, le Premier ministre a affirmé que certaines des propositions sont déjà en cours d'application».