Présidé par l'Espagnol Federico Mayor, ancien directeur général de l'Unesco et fondateur de la Fondation pour une culture de paix, et le Turc Mehmet Aydin, ministre d'Etat et professeur de théologie, le groupe de travail chargé de promouvoir une “Alliance des civilisations” entre l'Occident et le monde islamique a présenté hier au secrétaire général de l'Onu Kofi Annan des propositions mettant l'accent sur la nécessité de résoudre le conflit israélo-palestinien. “La question israélo-palestinienne est devenue un symbole clé du fossé entre les société occidentales et musulmanes et reste une des menaces majeures pour la stabilité internationale”, constate le groupe, qui s'est réuni à Istanbul. “La communauté internationale doit chercher une solution au conflit israélo-palestinien avec un sens renouvelé de l'urgence”, affirment les 20 personnalités internationales du comité. Les membres de ce groupe de travail appellent à “la convocation, dès que possible, d'une conférence internationale suivie par les parties prenantes”. Ils préconisent la rédaction d'un “livre blanc analysant la situation israélo-palestinienne de manière dépassionnée et objective”. Le rapport a été remis à M. Annan ainsi qu'au Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero et à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, à l'origine de l'idée d'“Alliance des civilisations”, lancée en septembre 2004 à l'Onu. L'initiative vise à rapprocher les institutions et les sociétés civiles pour surmonter les préjugés et les malentendus entre peuples de différentes cultures et religions. “Nous préférerions penser le conflit israélo-arabe comme un conflit régional parmi d'autres. Mais il ne l'est pas”, a déclaré M. Annan, avant de poursuivre : “Tant que les Palestiniens vivent sous occupation, exposés aux frustrations et aux humiliations quotidiennes, tant que des Israéliens sont tués par des bombes dans des bus et des discothèques, les passions resteront partout enflammées.” Le rapport, sur la base duquel MM. Annan, Zapatero et Erdogan émettront des propositions définitives fin décembre à New York, critique les opérations militaires occidentales en Irak et en Afghanistan, qui “contribuent au climat croissant de peur et d'animosité” aussi bien que “des interprétations déformées des enseignements islamiques” dans le monde musulman. Il prévoit un certain nombre de mesures visant à favoriser sur le long terme une meilleure compréhension entre les cultures, comme un examen critique des manuels scolaires, la multiplication des échanges scolaires ou encore le lancement de campagnes médiatiques contre les discriminations. “Ce sont des leçons importantes”, a commenté M. Annan, qui indiquera toutefois qu'elles “n'auront que peu d'impact si le climat actuel de peur et de suspicion continue d'être alimenté par les évènements politiques, surtout ceux dans lesquels des peuples musulmans — Irakiens, Afghans, Tchétchènes et surtout Palestiniens — sont perçus comme les victimes d'actions militaires de puissances non musulmanes”. K. ABDELKAMEL/Agences