Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, dénonce l'utilisation de l'arme alimentaire comme moyen de pression sur le peuple sahraoui dont la cause est pourtant partagée par la communauté internationale. Mohamed Abdelaziz a même énuméré les pays qui s'adonnent à ce chantage : le Maroc, bien évidemment, et la France dont il a déploré l'alignement aveugle aux thèses colonialistes de Rabat. Les Sahraouis vivent une situation grave en matière alimentaire, devait-il affirmer sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale. Des manœuvres maroco-françaises pour tenter de faire admettre le fait accompli de l'occupation de son pays. N'ayant pas réussi à s'allier la communauté internationale, en dépit d'efforts incessants, le Maroc pense avoir trouvé une nouvelle parade en propageant l'idée que l'occupation du Sahara occidental procède également de sa contribution à la lutte contre le terrorisme international ! Le roi Mohammed VI n'a pas hésité à faire l'inimaginable raccourci en établissant un lien entre l'instauration de l'Etat sahraoui et la propagation du terrorisme et du commerce illégal dans la région sahélo-saharienne, sous menace terroriste, Al Qaïda tentant d'y établir une base avancée. C'est une grosse ficelle que d'assimiler la lutte d'un peuple conforme aux résolutions du comité de décolonisation onusien au phénomène terroriste qui frappe également le Maroc et dont l'origine est tout aussi endogène qu'exogène. Le président sahraoui ne s'en laisse pas conter : il a mis en garde contre le refus d'accorder l'indépendance au peuple sahraoui au prétexte que la RASD serait “un marécage où se développent ces fléaux”. Au contraire, a-t-il souligné, l'instauration de l'Etat sahraoui sur l'ensemble de ses territoires tels que définis durant la colonisation espagnole permettrait de prévenir le terrorisme. Mohamed Abdelaziz a même offert au roi Mohamed VI sa coopération dans la lutte contre le terrorisme et le commerce illégal. Le Sahara occidental indépendant et souverain serait un vrai sas de protection pour son voisin du nord. Le président sahraoui pour qui “l'application de la légalité internationale, en termes de décolonisation et de respect des droits de l'homme, n'a jamais été à l'origine du développement du terrorisme”, précise que le pourrissement imposé par le Marco pourrait, en revanche, engendrer le terrorisme et l'extrémisme. Mohamed Abdelaziz s'est félicité du rapport du Haut-Commissariat des droits de l'homme des Nations unies sur le Sahara occidental, regrettant que l'ONU n'ait pas fait le nécessaire pour essayer de travailler sur la base des recommandations de ce rapport. “Nous invitons l'ONU à travailler sur la base de ce rapport pour créer les mécanismes nécessaires afin d'organiser le référendum d'autodétermination, qui constitue le premier droit des Sahraouis”, a-t-il dit, tout en rappelant l'attachement des Sahraouis à la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui laisse sur la table du Conseil le plan de règlement dit Baker, quand bien même cette résolution ait fait l'impasse sur le rapport édifiant du Haut-Commissariat des droits de l'homme et que le Maroc n'ait pas été condamné pour ses crimes, ses fuites en avant et ses manœuvres. Le président sahraoui, qui a fait état de la déception profonde de son peuple face à “la trahison” de l'ONU et de la communauté internationale, rappelle qu'en 1991 l'organisation mondiale s'était engagée d'organiser dans les 8 mois le référendum d'autodétermination. Quinze mois après, celui-ci n'a pas vu le jour et le président de la RASD menace d'accélérer l'Intifadha et les protestations relancées depuis mai 2005. D. Bouatta