Les filières de pilleurs de câbles en cuivre, à Annaba, semblent avoir des tentacules qui vont au-delà de la grande bleue. Pratiquement, c'est Algérie Télécom, et à un degré moindre la Sonelgaz, qui subirent les méfaits de ces pirates. “Le marché annabi” semble, en effet, juteux pour eux. Ainsi, les équipements d'Algérie Télécom, principalement les câbles de distribution téléphonique et les fils de raccordement, des matières en cuivre, continuent de faire, à Annaba, l'objet d'un pillage systématique sans répit, occasionnant ainsi, une véritable saignée pour cet organisme public. Chaque semaine et depuis plusieurs années, ces équipements sont convoités par des réseaux spécialisés dans le vol et l'écoulement de ce produit, dont la tonne est vendue, aujourd'hui, sur le marché international selon un exportateur, à 50 millions de centimes. Malgré les arrestations de certains pilleurs, voire des filières entières, le vol de câbles en cuivre a atteint des proportions alarmantes et vraisemblablement avec une facilité déconcertante. Dans certains cas de vol, il a été constaté que les équipements disparaissent, quelques heures seulement après leur réparation, à l'exemple de celui du complexe omnisports du 19-Mai-56 où le câble de distribution d'une longueur de 450 m a été réinstallé, jeudi dernier, aux environs de 19h, pour la transmission à la radio de la rencontre USMA-RCK. Dans la même soirée, il a été volé et la rencontre a été transmise à l'aide d'un WLL. Les chiffres avancés par la direction d'Algérie Télécom, à ce propos, sont effrayants. Ainsi, depuis janvier dernier seulement, quelque 94 actes de vol ayant ciblé près de 17 000 m/l de différents diamètres, ont été signalés un peu partout à travers la wilaya de Annaba, révèle M. Soltani, directeur territorial d'Algérie Télécom. La valeur de cette quantité de câble en cuivre pillée s'élève à près de 2,5 milliards de centimes, représentant des pertes sèches, estimées à des dizaines de millions de dinars, selon le même responsable. Autrefois, ces actes de vol sont signalés beaucoup plus dans les zones rurales, notamment à Hdjar Eddis, Lallelick, Seroual, sur les routes de l'aéroport, d'El-Hadjar et Aïn Berda. Mais, depuis quelque temps, ces forfaits sont commis dans la plupart des cités de la ville de Annaba, voire même au niveau des quartiers résidentiels. Plus grave, ces derniers temps cet organisme est visé par une série d'actes de sabotage. Pas plus tard que le week-end dernier, trois importantes armoires abritant des équipements des télécoms, en l'occurrence la fibre optique, ont été détruits par un groupe de malfrats, composé de sept individus armés de sabres, selon des sources proches d'Algérie Télécom. En effet, dans les nuits de jeudi à vendredi et de vendredi à samedi, trois ouvrages situés pratiquement dans un seul périmètre, à savoir les ruines romaines (basilique Saint-Augustin), l'ancienne gare routière (Sidi Brahim) et Lalla Khroufa (cité Boukhadra), ont été saccagés, dont un entièrement incendié. La fibre optique sectionnée ciblée par ces actes est un outil des télécoms reliant Annaba à différentes zones rurales, dont Aïn Berda, El Hadjar, Sidi Amar et à des pays d'Europe comme la Hollande et la Suisse, entre autres, selon la direction d'Algérie Télécom. L'acte de sabotage était prémédité, précise-t-on, car le câble a été coupé d'une manière à ce que l'équipement soit totalement rénové. La partie sabotée de la fibre optique a été abandonnée sur la ligne de chemin de fer du côté du pont. Ces actes criminels sont qualifiés par certains cadres d'Algérie Télécom de “sabotage”, surtout lorsqu'on sait que la fibre optique est dépourvue de cuivre. Ce qui laisse perplexe plus d'un sur le but de ces vols. B. BADIS