Dans un discours très attendu à l'ouverture de la session du Parlement, le président égyptien Hosni Moubarak a confirmé dimanche ses prétentions de demeurer à la tête de l'Etat jusqu'à la fin de ses jours, reléguant toute succession à après sa mort. Âgé de soixante-dix huit ans et au pouvoir depuis 1981, suite à l'assassinat de son prédécesseur Anouar Es Sadate, Hosni Moubarak a écarté toute possibilité de son départ de la présidence tant qu'il sera en vie. “Je continuerai avec vous sur la voie de la transition, à l'avenir, en portant la responsabilité et ses fardeaux, tant qu'un cœur battra dans ma poitrine et que je respirerai”, a-t-il affirmé devant les élus des deux chambres du Parlement égyptien réunies à l'occasion. Il y a lieu de signaler que ces propos tenus à la fin de son discours lui ont valu une ovation debout de la part des députés, lesquels, faut-il le préciser, appartiennent à une écrasante majorité au parti au pouvoir contrôlé par Gamal Moubarak, le fils cadet du chef de l'Etat. Cette annonce intervient au moment où les observateurs de la scène égyptienne se demandaient s'il n'avait pas l'intention de démissionner avant la fin de son mandat actuel, en 2011, afin que son fils Gamal, à 42 ans membre influent du Parti national démocrate (PND) au pouvoir, puisse lui succéder. Avant d'en arriver à cette déclaration, Hosni Moubarak a entre-temps fait part de son engagement à promouvoir des réformes démocratiques. L'opposition islamiste a immédiatement mis en doute la sincérité de ses intentions. Elle estime que Moubarak veut seulement aménager les règles touchant les partis politiques, tout en maintenant celles concernant les candidatures indépendantes. Selon le numéro deux des Frères musulmans, Mohamed Habib, il s'agit, d'une manœuvre pour appliquer le “scénario héréditaire”, c'est-à-dire la succession du président Moubarak par son fils cadet Gamal qui grimpe progressivement les échelons du PND. Il a ajouté qu'“il y aura des conditions qui empêcheront les indépendants de participer au processus électoral”. Dans son discours, Hosni Moubarak a promis d'alléger les restrictions pesant sur les partis politiques, d'accroître les pouvoirs du Parlement et de remplacer l'état d'urgence par des lois antiterroristes. “Je vais soumettre une proposition en vue d'amender l'article 76 de la Constitution”, a affirmé Hosni Moubarak. Sans donner beaucoup de détails sur la nature de la proposition, il a indiqué qu'il voulait doter le pays “d'un système électoral idéal pour renforcer les partis politiques et le rôle des femmes au Parlement”, en ajoutant que “les amendements constitutionnels étaient les plus importants et les plus larges depuis 1980”. Jusqu'à maintenant, la domination au Parlement et aux conseils locaux du Parti national démocrate (PND), au pouvoir, rend impossible toute candidature indépendante, dont celle émanant de la confrérie islamique des Frères musulmans. K. ABDELKAMEL